L’eurosceptique Andrzej Duda remporte la présidentielle polonaise




Droite nationale catholique
Andrzej Duda, eurodéputé depuis l’an dernier, est une jeune pousse du PIS. Il avait été un proche collaborateur du président Lech Kaczynski, mort dans une catastrophe aérienne à Smolensk (Russie) en 2010, et est resté un proche de son frère jumeau Jaroslaw, président du PIS et véritable patron de ce parti de droite nationale catholique. C’est Jaroslaw Kaczynski, candidat malheureux contre Komorowski il y a cinq ans qui a décidé, plutôt que de se représenter, de lancer son poulain à l’assaut d’une présidence qui semblait imprenable, vu la cote de popularité qui ne s’était jamais démentie du président sortant.
Le système polonais accorde une place prépondérante au parlement, et donc au gouvernement, mais le président dispose d’une capacité de veto sur les lois, et d’une influence importante sur la politique étrangère, la constitution en faisant le chef des forces armées. Quelles sont les idées et les priorités d’Andrzej Duda ? A vrai dire, on n’en sait pas grand-chose. Le candidat a eu soin d’éviter de s’engager sur des projets politiques concrets. Poli et souriant, il a durant toute la campagne réussi à faire un peu oublier l’image vindicative et ombrageuse véhiculée par ses leaders historiques, à commencer par Jaroslaw Kaczynski.
Eurosceptiques
Alors que la Plateforme civique est un parti de droite modérée, aux thèses économiques très libérales, et à la ligne très pro-européenne, le PIS affiche des convictions très conservatrices sur les questions éthiques, et une méfiance atavique envers tout ce qui est étranger : la Russie bien sûr, mais aussi l’Allemagne, et bien entendu « Bruxelles », cœur du pouvoir européen.
La victoire d’Andrzej Duda pourrait préfigurer une victoire du PIS aux prochaines élections législatives, prévues en octobre prochain. La Plateforme aura alors dirigé la Pologne pendant deux mandats successifs, et le désaveu que lui a infligé ce dimanche une majorité de Polonais s’explique par une fatigue générale à l’égard d’un parti qui a maintenu le pays sur la voie du succès économique, mais qui a visiblement du mal à s’adresser à une partie importante de la société qui estime tirer trop peu de bénéfices de ce succès. Notamment les jeunes, ces « révoltés » de 20 à 35 ans qui ont apporté massivement leurs voix au rocker Kukiz lors du premier tour, et qui se sont probablement en bonne partie reportés sur Andrzej Duda.
L’élection d’Andrzej Duda ne manquera pas de troubler les dirigeants de l’UE. Ceux-là mêmes qui ont désigné Donald Tusk à leur tête au Conseil européen, reconnaissant par là la place influente et constructive que la Pologne s’est forgée au sein de l’Union européenne. L’un des premiers défis d’Andrzej Duda sera de convaincre qu’il tentera de maintenir son pays à cette place.