Jean-Pascal Labille (Solidaris) «La gestion de la Sécu coûte moins cher que chez nos voisins»


« En ce qui concerne les soins de santé, la croissance des dépenses est maîtrisée. En 2014, on avait prévu une progression de 4,4 %, en termes nominaux. Au final, les dépenses n’ont augmenté que de 2,3 %, laissant un boni de 500 millions d’euros. Cette année, l’évolution est également sous contrôle », renchérit Xavier Brenez, directeur général de l’Union nationale des mutualités libres. Bref, il est mensonger de parler de gaspillage.
« Une logique confédérale et antisociale »
« Pouvons-nous être plus efficaces ? Oui. On peut simplifier les structures », poursuit Xavier Brenez. « Au niveau des mutuelles, il existe cinq grandes familles, plus la mutuelle de l’État et celle de la SNCB ; ce qui fait sept. On peut simplifier. On pourrait peut-être économiser 10 % sur les frais administratifs. Cela ne va pas changer la face du monde. On peut informatiser le système des attestations de soins. On économisera aussi un peu d’argent. Que le politique prenne ses responsabilités. On constate une surconsommation de certains médicaments, notamment les antibiotiques et les antidépresseurs, de certains soins cliniques et des examens d’imagerie médicale. On peut agir, tout en maintenant la qualité des soins. Mais la N-VA ne propose aucune mesure concrète. »
« M. De Wever ne s’encombre pas de la réalité des faits », note Jean-Pascal Labille. « S’il est historien, le président de la N-VA oublie qu’avant la Sécu, les syndicats finançaient des caisses pour aider les travailleurs touchés par le chômage ; les mutuelles s’occupaient d’assurance maladie-invalidité ; et les employeurs, des caisses d’allocations familiales », ajoute le patron de la FGTB, Marc Goblet. Qui rejette également les accusations de gaspillage. « Même l’Onem le reconnaît : il est moins coûteux de payer les allocations de chômage via les syndicats que via la Capac, la Caisse auxiliaire de paiement des allocations de chômage. »
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« Tout cela, M. De Wever le sait. Son but, conformément à sa logique confédérale, est de mettre à mal le système belge, la Sécurité sociale et les institutions intermédiaires », prévient Marc Goblet. « La sixième réforme de l’État accroît la dispersion des compétences et va coûter cher. Mais M. De Wever n’en parle pas. Il y a derrière tout cela des calculs politiques. Rendre le système institutionnel belge dysfonctionnel et disposer d’un argument pour pousser toujours plus loin la régionalisation, jusqu’à l’autonomie. Idem s’agissant des attaques contre les mutuelles et les syndicats : la N-VA veut détruire les structures intermédiaires qui forment la société civile », accuse Xavier Brenez. « Nous ririons des propos de M. De Wever s’ils n’étaient pas si inquiétants. Car ils traduisent le souhait d’un parti séparatiste de toucher à ce qui constitue le ciment de ce pays : la Sécurité sociale. Toucher aux mutuelles, c’est toucher à la Sécu et à la capacité des gens de se soigner. Nous nous y opposerons toujours avec force », conclut Jean-Pascal Labille.