Ce qu’a exactement dit Jan Bens au «Soir»

Jan Bens sera prié de justifier ses propos devant un conseil d’administration extraordinaire de l’AFCN.

Rédacteur en chef adjoint et chef du service Monde Temps de lecture: 3 min

Vu le contexte pour le moins chahuté des débats sur la prolongation des centrales nucléaires de Doel 1 et Doel 2, où la ministre de l’Energie Marie-Christine Marghem a éprouvé quelques difficultés ces dernières semaines à justifier ses choix et sa ligne de conduite devant les parlementaires, Le Soir a jugé opportun d’établir le portrait du patron de l’Agence de protection nucléaire, institution entre les mains desquelles le gouvernement mettait le sort desdites centrales. Contact fut donc pris pour rencontrer Jan Bens, à la tête de l’AFCN depuis 2013. De la discussion (enregistrée) qui suit, entre la 21e et la 23e minute, se tiennent les propos suivants, à un moment où notre journaliste demande à Jan Bens d’aborder les meilleurs moments de sa carrière. Il aborde le terrain à Doel et puis enchaîne :

Jan Bens  : « Un moment clé, c’était quand même 95-96. Mon patron m’appelle : “Le Kazakhstan, tu connais ? Le Kaza comment ? Oui, regarde un peu parce que la semaine prochaine tu y vas.” Donc en fait, le groupe Tractebel d’antan se développait à l’international, et ils avaient acheté l’Electrabel du Kazakhstan. Et ils avaient besoin de gens. Deux semaines plus tard, je me retrouvais là, en plein milieu des steppes, grand patron d’une boîte de 10.000 personnes. »

Le Soir  : «  10.000 personnes ? »

Jan Bens  : « 10.000 personnes. »

Le Soir  : « Qui était quoi, le principal producteur ? »

Jan Bens  : «  Pas de tout le Kazakhstan mais de la région, de la capitale, Almaty. Dans un bled complet, avec une corruption invraisemblable. »

Le Soir  : «  On vous a proposé des enveloppes ? »

Jan Bens  : « Oui, et moi j’en ai proposé à d’autres. C’était une économie cash. Enfin là, c’est… »

Le Soir  : « Vous ne pouvez pas tout raconter ? Si ..., vous pourriez ? »

Jan Bens  : « Oui, mais on n’a pas le temps (rires). On faisait des réunions comme ça. Y a une armoire un jour dans la salle et y a un mec qui est dedans en train d’écouter ce qu’on dit. (…) Ce sont les familles qui ont le pouvoir qui prennent tout. Une corruption incroyable. »

Le portrait qui a suivi cette interview – enregistrée, rappelons-le – a été relu et avalisé par le service de communication de l’AFCN qui, le lendemain, ajoute : « Face à la déferlante médiatique qu’a provoqué votre article (très bon selon nous, soit dit en passant !), je tenais à vous préciser que la fameuse corruption dont tout le monde parle est une enveloppe donnée par Jan Bens à un médecin kazakh qui exigeait cet argent avant de traiter un de ses collègues qui s’était cassé la jambe. » Entre ces propos et l’interprétation qui peut être donnée aux propos de Jan Bens ci-dessus, il nous semble pourtant qu’il y a une différence manifeste…

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