Ce qu’a exactement dit Jan Bens au «Soir»



Jan Bens : « Un moment clé, c’était quand même 95-96. Mon patron m’appelle : “Le Kazakhstan, tu connais ? Le Kaza comment ? Oui, regarde un peu parce que la semaine prochaine tu y vas.” Donc en fait, le groupe Tractebel d’antan se développait à l’international, et ils avaient acheté l’Electrabel du Kazakhstan. Et ils avaient besoin de gens. Deux semaines plus tard, je me retrouvais là, en plein milieu des steppes, grand patron d’une boîte de 10.000 personnes. »
Le Soir : « 10.000 personnes ? »
Jan Bens : « 10.000 personnes. »
Le Soir : « Qui était quoi, le principal producteur ? »
Jan Bens : « Pas de tout le Kazakhstan mais de la région, de la capitale, Almaty. Dans un bled complet, avec une corruption invraisemblable. »
Le Soir : « On vous a proposé des enveloppes ? »
Jan Bens : « Oui, et moi j’en ai proposé à d’autres. C’était une économie cash. Enfin là, c’est… »
Le Soir : « Vous ne pouvez pas tout raconter ? Si ..., vous pourriez ? »
Jan Bens : « Oui, mais on n’a pas le temps (rires). On faisait des réunions comme ça. Y a une armoire un jour dans la salle et y a un mec qui est dedans en train d’écouter ce qu’on dit. (…) Ce sont les familles qui ont le pouvoir qui prennent tout. Une corruption incroyable. »
Le portrait qui a suivi cette interview – enregistrée, rappelons-le – a été relu et avalisé par le service de communication de l’AFCN qui, le lendemain, ajoute : « Face à la déferlante médiatique qu’a provoqué votre article (très bon selon nous, soit dit en passant !), je tenais à vous préciser que la fameuse corruption dont tout le monde parle est une enveloppe donnée par Jan Bens à un médecin kazakh qui exigeait cet argent avant de traiter un de ses collègues qui s’était cassé la jambe. » Entre ces propos et l’interprétation qui peut être donnée aux propos de Jan Bens ci-dessus, il nous semble pourtant qu’il y a une différence manifeste…
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