Arlon/Messancy: premier parc citoyen en Luxembourg

La commune de Messancy a investi plus de 500.000 euros dans le projet.

Journaliste de la cellule wallonne Temps de lecture: 3 min

Elles brassent l’air depuis février, et tous les automobilistes qui passent sur l’E.411 avant la frontière de Sterpenich ne peuvent rater ces six géants des vents. Des éoliennes de 2 MW qui culminent à 100 mètres, avec des rotors d’un rayon de 50 mètres, qui ont la particularité d’appartenir à deux sociétés commerciales (Eneco Wind Belgium et Eoliennes de Lorraine) et à une coopérative (Vents du Sud).

Là comme ailleurs, les promoteurs ont dû prendre leur mal en patience depuis 2007, le début du dossier, puisqu’il y a eu des recours, et que le projet initial de dix éoliennes a été raboté de quatre machines. Il en reste six, quatre sur Messancy, et deux sur Arlon. Mais si le chef-lieu est toujours resté en retrait d’un éventuel actionnariat, la commune de Messancy a décidé d’agir (lire ci-contre).

« Depuis 2001, nous travaillons dans l’éolien, note Miguel de Schaetzen, CEO d’Eneco. Nous gérons 13 parcs en Belgique, soit 78 éoliennes qui produisent ce que consomme la ville de Liège. Ici, c’est le premier parc en partenariat, mais pas le dernier. Ce n’est pas une contrainte, mais une volonté de notre part. Il est important, et même fondamental de travailler avec partenaires locaux, communes, citoyens et associations, si on veut un débat serein. Nous avons un objectif commercial, mais ce projet prouve que l’on peut monter un dossier avec un partenaire qui ne parle a priori pas la même langue ! »

Eoliennes de Lorraine, une société représentée par Christophe Surleraux (plus connu avec son bureau d’études Ecopex) travaille elle dans l’éolien et la biomasse. Elle repose sur un actionnariat public/privé, puisque Messancy a investi 504.000 euros, soit 20 % des deux éoliennes, le troisième partenaire étant une filiale constituée par Sofilux et Idélux, baptisée Sopaer.

400 coopérateurs

Eneco gère trois éoliennes, Eoliennes de Lorraine deux, et Vents du Sud, une. Cette dernière est une coopérative sœur de l’habaysienne Lucéole, comme huit autres coopératives regroupées dans une fédération wallonne afin de partager les connaissances, expériences et valeurs. Elle est née d’un groupe local (Arlon-Messancy) de réflexion en 2011 puis elle s’est constituée en société coopérative à finalité sociale en vue de participer au projet. De 33 personnes au départ, elle compte environ 400 membres actionnaires aujourd’hui, alors qu’on en compte 45.000 en Belgique. La participation minimale est de 100 euros, et de 5.000 euros au maximum, avec un retour potentiel plafonné à 6 %. Tout nouveau coopérateur y est évidemment bienvenu, mais il faut une réelle motivation philosophique pour adhérer.

« Initialement, nous nous étions intéressés au projet d’Electrabel, projet qui a reçu un permis pour trois éoliennes qui seront bientôt érigées non loin de là, plus près encore de la frontière, mais nous n’avons jamais été écoutés. Aujourd’hui, nous voulons être de vrais acteurs au niveau communal, provincial et même régional en termes d’énergies renouvelables, de biodiversité », note Guirec Halflans. Sept administrateurs gèrent bénévolement l’éolienne citoyenne qui a été soutenue par la Région wallonne et Luxinvest.

Pour Eneco, les nuisances de ce parc sont vraiment très limitées vu l’impact sonore déjà très fort de l’autoroute. Ce vendredi, les éoliennes tournaient d’ailleurs sans bruit.

Côté chiffres, retenons que l’investissement se situe à 17 millions d’euros pour l’ensemble du parc, avec une retombée de 4 millions au niveau local. Chaque tour en acier pèse 200 tonnes, et 400 m3 de béton assurent les fondations de chaque machine. C’est à découvrir de près ce dimanche !

 

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