Waterloo 2015: les descendants de François Mathieu sont venus lui rendre hommage

« Je voulais absolument voir les lieux où il s’est battu, justifie Jean-Luc, le grand-père qui retrace la généalogie de la famille. Je suis occupé à écrire un roman sur la vie de François et j’ai besoin d’images pour me nourrir du personnage. Cette reconstitution est parfaite pour ça. Elle va aussi définitivement m’éclairer sur une question existentielle que je me posais. Il est revenu vivant de cette boucherie et je me suis longtemps demandé s’il avait combattu ou s’il avait été préservé par l’Empereur qui protégeait ses jeunes lieutenants. Grâce à mes recherches, je sais qu’il s’est battu et que son général est mort. Ce soir, je vais en partie le voir en images. J’aurais franchement été déçu s’il avait été planqué. »
A 18 ans, la retraite de Russie
Le jeune sous-lieutenant François Mathieu n’était pourtant pas un tire-au-flanc. « Il faisait quand même partie de la jeunesse dorée, précise Jean-Luc. Mais c’était un battant. A 18 ans, il a pris part à la retraite de Russie avec Napoléon. Toutes les campagnes auxquelles il a participé lui ont servi dans sa deuxième carrière dans les chantiers navals. Il a compris que certains non-succès de Napoléon étaient dus à des lacunes dans ses transports et il s’en est servi pour construire les premiers bateaux à coque métallique en France. »
Agé de 17 ans, Quentin, le petit-fils est également présent en mémoire de son aïeul. « C’est intéressant de voir 200 ans après ce que François Mathieu a fait. Et en famille, c’est encore mieux parce qu’on parle souvent de lui. Quant à Napoléon, je connais assez bien son parcours. Je l’ai étudié à l’école et j’ai fait des exposés dessus. »
Le petit frère Romain, 11 ans, est tout aussi emballé à quelques minutes des premiers coups de canon. C’est qu’il est parfaitement documenté après avoir, lui aussi, présenté un exposé sur Napoléon à l’école voici quelques semaines. « Avec mes parents, nous sommes allés dans toutes les fermes de la région où l’Empereur et ses troupes sont passés. Ca m’a permis de bien visualiser ma présentation. Désormais quand je passe devant ces bâtiments, je les vois différemment. Mais ce soir, je vais regarder le spectacle avec un peu de tristesse en pensant à tous ces soldats qui se sont battus et qui sont morts. »
Une famille déçue
Passionnée d’histoire, Sandrine, la maman, n’attend, pour sa part, pas grand-chose de cette gigantesque reconstitution. « J’en ai déjà vues plusieurs de plus petite dimension. C’était top. J’ai peur que celle-ci soit trop organisée et manque d’authenticité. Je vais surtout en profiter pour faire des photos. »
Au moment où les premiers assauts sont donnés, Patrice, l’oncle ne peut s’empêcher d’avoir « une pensée pour tous ces bénévoles qui se déguisent et donnent de leur personne. Quelle est leur motivation ? Peut-être tout simplement parce que l’Histoire s’est jouée ici et que ça ne s’est pas joué à grand-chose... »
Après une heure de représentation, Jean-Luc, le grand-père, quittait les gradins. « Trop de foule et on ne voit rien », estimait-il, déçu alors qu’il attendait tant de cette soirée. Le sentiment de Sandrine n’était pas différent à l’issue de la représentation alors que quelques gouttes commençaient à tomber.
« Au début, on a effectivement pu voir des combattants anglais près de notre tribune, dit la mère de famille. Mais mon sentiment d’avant spectacle s’est confirmé. Ils ont vu trop grand. On a vu des charges mais on ne savait pas qui était qui. On n’a même pas vu Napoléon. Ce n’était pas pédagogique. Et pour l’essentiel des combats, heureusement qu’on avait nos jumelles et mon téléobjectif. Je reviendrai les années où les choses sont faites à taille humaine... »