Quel est le grand danger pour les juifs: l’antisémitisme ou le terrorisme?



« Le terrorisme est la conséquence de l’antisémitisme » – Henri Gutman Président du Centre communautaire laïc juif David Susskind (CCLJ), dans Le Soir du 1er juillet 2015.
Le débat fait rage au sein de la communauté juive, et particulièrement de ses organes représentatifs. L’arrivée de Philippe Markiewicz, en avril dernier, à la tête de l’organe représentant le culte israélite en Belgique a rendu à cet interlocuteur officiel des autorités une parole publique. Parce que l’homme a choisi, au contraire de son prédécesseur, de faire entendre sa voix. Et que son discours va à l’encontre de celui porté par le Centre communautaire laïc juif David Susskind (CCLJ).
« Nous ne sommes pas dans un pays antisémite ! Les autorités de l’Etat comme l’immense majorité de la population belge ne sont pas antisémites », affirme avec force Philippe Markiewicz dans l’interview qu’il a accordé au Soir. Pour lui, il est faux de dire que les juifs de Belgique veulent partir : « Le grand danger aujourd’hui, c’est le terrorisme, pas l’antisémitisme. Et le problème du terrorisme ne concerne pas que les juifs, ça concerne l’ensemble des Belges ! Ce terrorisme a parfois des phases antisémites, c’est vrai. Mais il ne faut pas non plus surdimensionner les problèmes. Et les surmédiatiser ne les solutionne pas. Arrêtons de dire aux gens, comme certains le font, qu’il n’y a pas d’avenir pour les juifs en Belgique et en Europe. C’est faux ! Les juifs ont pleinement leur place ici » et « 90 voire 95 % de la communauté juive en Belgique n’envisage pas de partir ! ». Et le président du Consistoire d’attribuer les discours alarmistes à « certaines personnes » qui « produisent des discours très médiatiques… C’est un peu leur métier. »
De quoi faire bondir Henri Gutman, président du Centre communautaire laïc juif David Susskind. Ce dernier estime que sur la forme, l’intervention de Philippe Markiewicz « enfreint la règle bien acceptée de tous » qui voudrait que « les présidents du Consistoire central israélite de Belgique ont toujours pris soin de limiter leur parole publique à des problématiques exclusivement liées à l’exercice temporel du culte israélite pour lequel ils sont légalement compétents. » Mais surtout, il conteste le fond du propos, diamétralement opposé à sa position quant à l’importance du phénomène de l’antisémitisme en Belgique, qu’il estime être un « déni de réalité ».
En toile de fond, on le comprend, cette joute s’inscrit dans un enjeu plus large : quel organe, religieux ou laïque, a la plus grande légitimité pour porter la voix des juifs de Belgique ?