«Un parcours d’intégration et vite!» : le MR bruxellois veut rendre le dispositif obligatoire.


Un objectif qui nécessite l’action des différents niveaux de pouvoir. « Au niveau régional, il y a une grande différence puisque seule la Flandre propose un parcours obligatoire. Il existe depuis longtemps et produit d’excellents résultats. Des chiffres de 2010 montrent que 42 % des nouveaux arrivants ont été enregistrés en Flandre, 33 % à Bruxelles et 25 % en Wallonie. Si on tient compte de la taille exiguë de la Région bruxelloise et du nombre d’habitants, il est évident qu’en valeur relative, nous sommes beaucoup plus impactés. Le problème est donc plus important et plus urgent. Or, il est quand même paradoxal de voir qu’en Flandre c’est fait et pas chez nous ».
Côté MR, on souligne plutôt deux fois qu’une que l’apport des réfugiés est surtout un atout. « Mais on ne peut pas s’intégrer dans un pays, trouver un travail ou un logement si on ne connaît pas la langue. Être fier de soi-même, autonome, pouvoir prendre son destin en main, c’est notre credo à nous. Et pour cela, il faut un parcours qui permette à chacun de s’intégrer. Dans son propre intérêt ».
Un premier bureau d’accueil en novembre
Un parcours pourtant en passe de voir le jour puisqu’un premier bureau d’accueil des primo-arrivants devrait ouvrir en novembre sous l’égide de la Commission communautaire française (Cocof). Insuffisant ? « Les choses ont un peu évolué, reconnaît Gaëtan Van Goidsenhoven. A l’heure actuelle il n’est pas prévu qu’un deuxième voit le jour puisque le fonctionnement doit être évalué sur plusieurs mois. Je rappelle que la déclaration gouvernementale parlait et ce avant la crise des migrants d’un parcours pour 10 à 12.000 personnes contre 2.000 avec ce bureau. C’est une réponse microscopique au regard des besoins ».
Pour le MR, il est donc plus que temps de se retrousser les manches et ce en fédérant différents acteurs que sont la Région, les communautés, mais aussi les communes. Avec pour pilote, la Commission communautaire commune (Cocom) qui coordonnerait le dispositif. « Or, juste avant les vacances parlementaires, le gouvernement nous a dit que des discussions concernant l’adoption d’une ordonnance à ce sujet se poursuivent. Bref, on est loin du compte et on se retrouve un peu comme le lapin avec les yeux dans les phares de la voiture ».
C’est que le caractère obligatoire du parcours ne peut être actionné que via la Cocom, pointent nos interlocuteurs. « Pour résumer, ce que s’apprête à faire la Cocof est insuffisant dans les moyens et dans le nombre mais aussi en grande partie inutile puisque ce ne sera pas obligatoire ».
Il y a quelques jours, le ministre-président Rudi Vervoort s’est pourtant dit favorable à l’aspect obligatoire (Le Soir de samedi), émettant toutefois certaines réserves quant à la faisabilité financière. « Imaginer que le débat sur l’aspect obligatoire va encore prendre des mois ou des années, c’est inacceptable », lâche Gaëtan Van Goidsenhoven. « Faire de la politique, c’est faire des choix ajoute Vincent De Wolf, face à l’urgence, que la Région change ses priorités budgétaires ».
Les députés MR souhaitent voir se multiplier les bureaux d’accueil agréés et subsidiés, à charge pour eux de mettre en œuvre le programme d’intégration. Un parcours qui comprendrait plusieurs modules parmi lesquels des cours de langues, la thématique de l’égalité des genres, de la neutralité des services publics ou encore une introduction au droit public. Abordé encore le fonctionnement du marché de l’emploi. « Des partenariats pourraient en outre être développés avec d’autres acteurs comme des écoles de formation continue ».
Le parcours démarrerait dans les quatre mois suivant l’inscription dans une commune concernerait ceux qui ont un droit de séjour, ceux qui ont été régularisés « et, très important dans le débat d’aujourd’hui, ceux qui sont reconnus comme réfugiés ». Aucune obligation de résultat mais une contrainte : assister aux cours. « Pour ceux qui ne le suivraient pas, des amendes administratives doivent être appliquées ».
Un accent féminin
« Respecter les gens c’est aussi leur donner les moyens de réussir leur vie nouvelle », souligne Viviane Teitelbaum qui met l’accent sur l’importance du parcours pour les femmes. « On sait que les femmes migrantes ont un statut souvent encore plus précaire que celui des hommes, arrivant de pays où le rôle social de la femme est différent. Il est donc crucial qu’elle puisse connaître la manière dont on peut vivre ici et en bénéficier de la même manière que les hommes. Sans accès à la formation à la langue ou à la culture et aux mécanismes dont elles peuvent bénéficier, elles seront isolées. Il est important qu’elles aient cette fenêtre sur la société dans laquelle elles vont vivre. Et qu’on puisse répondre à travers ce parcours qui doit donc être obligatoire à leurs besoins spécifiques et cela inclut aussi la santé, du droit aux soins, à l’avortement, à la contraception ou la protection en cas de violence. Il faut aussi qu’elles puissent s’ouvrir aux messages démocratiques pour ne pas risquer d’être enfermées dans une radicalisation, qu’elle soit religieuse culturelle ou autre. C’est une forme de respect que de leur donner la possibilité de choisir leur vie ».