Ces vins qui valent le coup malgré leur petit coût

Lorsque l’on décortique le prix d’une bouteille de vin, on constate que le coût du vin en soi ne représente parfois qu’un ou deux euros dès que l’on a retiré tous les autres frais de production. Nous avons fait le tour des catalogues des foires aux vins des enseignes principales de la grande distribution pour en extraire les plus bas prix. Ils vont de 2,49 à 3,05 euros. Même si ces tarifs ne resteront valables que pendant deux ou trois semaines, est-ce possible de produire un vin de qualité à ce prix-là ? Nous avons demandé aux responsables d’achats des grandes enseignes de justifier le prix de leur vin le moins cher.
Carrefour. Les Hypermarchés du groupe proposent le prix le plus bas des foires aux vins : c’est un Cabernet Sauvignon bulgare produit par le domaine Boyar dans la « Thracian Valley » dans le sud du pays. Il est proposé à 2,49 euros au lieu de 3,99 euros habituellement. Francis Lerminiaux explique qu’il arrive à ce prix, « non pas en jouant sur une qualité moindre ou moins bonne que d’habitude, mais sur plusieurs facteurs. Le domaine Boyar produit de très gros volumes (le prix de revient est donc compressé), le transport est “massifié” et son coût est donc réduit. De plus, le prix de revient en Bulgarie est nettement plus faible qu’en France ou dans d’autres pays. Enfin, nous faisons aussi un effort supplémentaire sur notre marge, mais sans concession sur la qualité. »
Cora. Le moins cher est un vin espagnol de la D.O. Valencia, Castillo de Liria 2013 (Shiraz-Bobal), qui passera de 3,49 à 2,69 euros entre le 5 et le 31/10. Pour obtenir ce rabais supplémentaire, l’acheteur Alain Rénier avance trois arguments. Premièrement, des partenariats à long terme, soit une fidélité qui « permet aux vignerons d’investir pour maintenir et développer la qualité. Un véritable win-win ». Deuxièmement, « des négociations directes avec les vignerons avec une ouverture sur un marché important à leur échelle, ce qui garantit à Cora les meilleurs prix d’achat. » Troisièmement « des frais de transport peu élevés, grâce à une logistique adaptée. »
Delhaize. Son vin le meilleur marché provient lui aussi d’un pays de l’ancien bloc de l’Est, la Moldavie, entre l’Ukraine et la Bulgarie. Jusqu’à il y a peu, ce pays exportait la quasi-totalité de sa production vers la Russie, un marché désormais fermé. Pour trouver de nouveaux débouchés et concurrencer les vins chiliens ou argentins, les vignerons moldaves sont obligés de descendre leurs prix. La démarche entreprise par Alain Pardoms, l’acheteur vins du groupe, n’est pourtant pas opportuniste, car il a toujours été attentif aux vins du monde et s’intéressait à la Moldavie depuis quelque temps déjà. Le vin qu’il a choisi est le Sânziene Chardonnay 2014, produit dans la région de Stefan Voda. Il est mis en bouteille directement dans les chais de Delhaize (comme 55 % de ses références) et sera vendu jusqu’au 7/10 au prix de 3,00 euros la bouteille ou de 8,79 euros en bib (bag in box, NDLR) de 3 litres (avec une réduction de 2 euros sur le prix habituel), encore moins cher donc. « Nous voulons faire découvrir ce chardonnay moldave. Dans le cas présent, nous travaillons sur de très gros volumes sur lesquels nous ne prenons que très peu de marge, et le producteur fait un effort de son côté. Nous sommes tous deux gagnants. »
Colruyt. Chez le leader du marché du vin en Belgique, la bouteille la moins chère est allemande : un Riesling Classic produit par Rudolf Muller dans la région de Pfalz et vendu à 3,05 euros au lieu de 4,05 euros habituellement. Même si, grâce à sa propre chaîne d’embouteillage, Colruyt arrive souvent à des prix à moins de cinq euros, ici, il ne s’agit pas de cela. Comme l’explique l’acheteur Eric Vanrysselberghe, « les vins allemands perdent leur appellation lorsqu’ils sont exportés en vrac. Ce vin-ci est commandé en grande quantité et arrive par camion complet d’Allemagne et provient d’une maison avec laquelle je travaille depuis 1982, car la qualité est bonne. C’est un vin très moderne, avec une capsule à visser. »