Près d’un million et demi d’indépendantistes catalans ont déferlé sur Barcelone

La manifestation précède d’importantes élections régionales.

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Pres d’un million et demi de personnes (1,4 million) ont participé vendredi à une grande manifestation indépendantiste pour la journée nationale de la Catalogne, la Diada, à Barcelone, selon la police municipale.

Vers 17h30 (15h30 GMT), 15 minutes après le début de cette grande chaîne humaine emplissant une artère de la ville la police locale a compté 1,4 million de personnes, un chiffre que n’état pas en mesure de confirmer la préfecture, représentant le gouvernement central.

Un grand drapeau catalan rouge et or accroché dans le dos, Nicolas Liendo, 39 ans, a dévalé les « Ramblas » pour aller rejoindre la manifestation : «  C’est avec joie que nous voulons bâtir une nouvelle république catalane, sans roi, sans pouvoir central qui nous traite comme de mauvais enfants », explique ce chef d’un restaurant de la ville.

«  Nous ne demandons pas la lune », a affirmé le président de l’exécutif catalan, Artur Mas, devant la presse internationale. «  Nous aspirons à ce que la plupart des nations européennes ont déjà, c’est-à-dire un Etat ».

Des centaines d’autocars ont convergé vers Barcelone, la seconde ville d’Espagne, pour transporter les militants brandissant le drapeau indépendantiste. Selon les organisateurs, 485.000 personnes se sont inscrites pour prendre part à la manifestation qui doit s’étirer sur 5 kilomètres d’une artère du nord de Barcelone.

Laura Alastruey, 24 ans, est venue de la ville de Vic, en moto avec son copain, pour soutenir «  la création d’un pays catalan ». «  Plus qu’une question économique, ce qui compte pour moi, c’est la défense de la langue. Et cela relève d’un sentiment : je ne m’identifie pas à l’Espagne ».

Mas et ses colistiers ont formé une large coalition indépendantiste du centre droit à la gauche radicale. Ils présentent ce scrutin comme un plébiscite, pour ou contre leur projet de conduire la Catalogne vers la sécession en seulement 18 mois.

Rancœurs

Depuis 2012, la région n’a eu de cesse de réclamer un référendum, sur le modèle des consultations sur la souveraineté du Québec et de l’Écosse qui se sont soldées par la victoire du non. Le président du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy, l’a toujours refusé, faisant valoir que selon la Constitution il revient à tous les Espagnols de se prononcer sur l’unité du pays.

Mais le Parti populaire qu’il dirige prend désormais très au sérieux ce scrutin qu’il juge «  historique ». La Catalogne n’a pas reçu, depuis longtemps, autant de visites de ministres, portant la bonne parole dans cette région de 7,5 millions d’habitants représentant 19 % du PIB de l’Espagne et responsable de 25 % des exportations.

Jeudi à Barcelone, le ministre des Affaires étrangères Jose Manuel Garcia Margallo avait surpris en se disant favorable à une réforme constitutionnelle avec davantage d’autonomie fiscale pour la Catalogne, une vieille revendication de Barcelone.

Il a été démenti vendredi par son collègue de l’Intérieur Jorge Fernández Díaz. «  Ce n’est pas en ligne avec la position officielle du parti » populaire (PP, droite), a-t-il dit.

La Catalogne a accumulé les rancœurs depuis 2008, sur fond de crise économique et d’austérité. Elle n’a pas accepté qu’en 2010, le Tribunal constitutionnel rabote la large autonomie que lui avait accordée le parlement espagnol en 2006.

Selon les sondages, les deux listes indépendantistes – « Junts pel si » et celle la CUP (extrême gauche) – obtiendraient une majorité absolue en sièges au parlement catalan (68 à 74), sans pour autant réunir la moitié des voix (44 à 46 %).

Or Artur Mas affirme que 68 sièges lui suffiraient pour lancer le processus devant aboutir à une déclaration unilatérale d’indépendance d’ici 2017.

Mais bon nombre de Catalans observent avec inquiétude ce processus : «  J’en ai marre de cette histoire, je me sens de Barcelone mais pas de la nation catalane ni de la nation espagnole », dit Joan Madorell, architecte paysagiste de 51 ans, à une terrasse de Barcelone.

«  C’est un scandale que Madrid refuse un référendum que 80 % des Catalans veulent », dit-il. «  Mais c’est également un scandale que Mas et ses colistiers fassent des élections en disant que même sans obtenir une majorité de voix, ils se sentiront les vainqueurs. »

En Europe, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron ont récemment marqué leur soutien au gouvernement espagnol, se prononçant pour l’unité de l’Espagne.

 

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