Et si on se dirigeait vers une Belgique à quatre régions?


Le débat n’est pas neuf. Des régionalistes convaincus, on en trouve dans tous les partis, idem pour ceux qui veulent conserver un lien structurel entre Bruxelles et la Wallonie à travers des organes politiques communs. Mais Jeholet et Crucke savent que le fait régional a été consacré par la sixième réforme de l’Etat et que l’occasion est belle d’enfoncer le clou : « Nous ne sommes pas dans une logique d’opposition. Notre souhait est d’organiser une meilleure lisibilité des institutions, une plus grande efficacité aussi. A Bruxelles et en Wallonie, les francophones ont l’occasion de prendre leur destin pleinement en mains. Ne la laissons pas passer ! Et maintenons bien sûr des solidarités fortes au-delà de nos différences. »
Le message se veut fort et rassurant à la fois : « Nous ne traçons pas cette piste par plaisir, mais parce que le pays peut mieux fonctionner de la sorte, notamment son espace francophone. Il faut mettre un terme à une tuyauterie qui rebute les citoyens et les investisseurs, chercher l’efficacité, le pragmatisme. Le fait régional est une réalité sur laquelle on ne reviendra plus, il faut en faire un atout », soulignent les auteurs. »
La réflexion des deux élus libéraux conduit à un scénario institutionnel qui reste à ce stade de politique-fiction. En voici toutefois les contours. Une Belgique à quatre régions, d’abord : Flandre, Wallonie, Bruxelles et région germanophone (à l’est du pays, on est très demandeurs, faut-il le rappeler). Une Fédération Wallonie-Bruxelles qui s’étiole : « Cela prendra du temps, mais au bout du compte, à l’inverse du fédéral, la Fédération sera une coquille vide de compétences. Ses organes politiques ne seront plus utiles. » Etape ultime : des collaborations tous azimuts entre les quatre régions, « lorsque l’intérêt commun le réclame et selon une logique de valeur ajoutée », dit en substance la carte blanche.
« Notre réflexion est aussi celle de la main tendue parce que le lien des Wallons avec les germanophones et les Bruxellois doit être fort et qu’il faut davantage travailler avec la Flandre, ajoutent encore les deux élus. Il est évident que les différentes régions devront encore mener des politiques communes. On n’utilise pas assez la possibilité de conclure des accords de coopérations entre entités fédérées. Cela peut pourtant s’avérer très utile pour travailler ensemble dans le respect des aspirations propres à chaque région. »
Une question aussi sensible que l’enseignement se prêterait-elle à de tels aménagements ? Jeholet et Crucke notent que dans un domaine voisin, la formation en alternance est gérée par Bruxelles et la Wallonie et vient de faire l’objet d’un accord de coopération afin d’assurer une meilleure coordination entre les deux territoires. « Pour l’école, disent-ils, on peut réfléchir à un cadre global commun sur les programmes, mais préserver l’autonomie des régions sur la question des infrastructures par exemple. Il ne s’agit pas de vivre en autarcie, mais au contraire de favoriser des collaborations plus poussées et à géométrie variable. »