EXPOSITION PRESTIGIEUSE AU MUSEE DES ARTS ANCIENS DE NAMUR, CREATIONS D'OR ET D'ARGENT PAR DES ORFEVRES EN LA MATIERE

Exposition prestigieuse au musée des Arts anciens de Namur Créations d'or et d'argent par des orfèvres en la matière Le musée des Arts anciens retrace trois siècles d'histoire de l'orfèvrerie namuroise, civile et religieuse. Pour son trentième anniversaire, le Musée des Arts anciens du Namurois a décidé de mettre les petits plats dans les grands. Et pas n'importe quels plats puisque l'exposition qui se déroule jusqu'au 31 juillet à l'Hôtel de Gaiffier d'Hestroy présente un florilège d'orfèvreries namuroises. Les oeuvres religieuses (calices, châsses, croix, ostensoirs...) côtoient les pièces d'orfèvrerie civile (sucriers, burettes, chocolatières, affliges...), tandis que l'or et l'argent se disputent les matières. L'exposition n'a pas la prétention de dresser un inventaire de tout ce qui s'est fait à Namur dans le travail du métal, mais elle a le mérite de présenter des oeuvres inédites ou oubliées, provenant de collections publiques et privées. Elle s'étend du XVIe au XVIIIe siècles, une période qui correspond à l'efflorescence de l'orfèvrerie namuroise. L'année 1440 est en effet considérée comme une étape importante pour la cité mosane. Cette année-là, Philippe le Bon décide d'éditer une Charte du Métier des orfèvres namurois, laquelle stipule notamment que tous les ouvrages d'orfèvrerie devront user d'un signe unique, «un lyon ayant un fusil sur la teste» (en français dans le texte). C'est grâce à ce poinçon que nos chercheurs ont pu authentifier l'origine namuroise des pièces. Pour Philippe Stockart, auteur d'un important ouvrage sur les orfèvres namurois et du catalogue qui accompagne l'exposition, une plaque de métier a même existé à Namur, sur laquelle étaient frappés les symboles et initiales des orfèvres. Malheureusement, cette plaque a disparu en 1914, dans l'incendie de l'Hôtel de Ville. LE MYSTÈRE DE LA MARQUE «K» Outre le poinçon d'orfèvre, une autre marque apparaît sur certaines pièces exposées, notamment sur le calice de Boignée. Il s'agit d'un «K» en majuscule gothique. A ce sujet, plusieurs explications ont été émises. L'on a d'abord pensé à une marque d'orfèvre. Or, au début du XVIe siècle, on ne voit figurer aucun orfèvre dont l'initiale est un «K». De plus, les pièces marquées sont de factures fort différentes et proviennent donc de divers ateliers. Aujourd'hui, on pense que le «K» n'est autre que l'initiale de Charles Quint (Karel). L'empereur aurait ainsi montré sa volonté de marquer de son empreinte les pièces faisant partie de son patrimoine. Petite nouveauté à partir du XVIIe siècle, les orfèvres vont apposer leurs propres marques sur leurs oeuvres. L'un d'entre eux, Henri Libert, est particulièrement mis à l'honneur lors de l'exposition. On lui doit notamment la châsse de l'église Saint-Berthuin de Malonne. Organisée en plusieurs tableaux, à la manière d'une bande dessinée, cette châsse montre les faits caractéristiques de la vie du saint. Où l'on découvre notamment Berthuin en train de guérir un petit écrasé et de désaltérer des ouvriers. Selon Philippe Stockart, Henri Libert devait être une sorte d'entrepreneur, à Namur. Il semble en effet que ce grand maître, qui a donné naissance à toute une génération d'orfèvres, n'aurait pas pu, tout seul, réaliser toutes les oeuvres qui portent sa marque, tous ces calices, ces croix processionnelles et ces châsses prestigieuses. Quelque 400 orfèvres ont été répertoriés, à Namur. La ville devait donc abriter de nombreux ateliers où travaillaient le maîtres et ses apprentis. On en trouvait notamment rue Saint-Jean, rue du Pont et rue Saint-Jacques. C'est d'ailleurs dans cette dernière rue que Philippe Stockart a lui-même exercé le métier d'orfèvre, après la guerre. S'il a fermé les portes de son atelier depuis longtemps, c'est encore lui qui fabrique la Gaillarde d'argent décernée chaque année à un Namurois méritant. Le travail du métal a dont toujours ses adeptes à Namur, même si le temps des grandes corporations est révolu depuis deux siècles. VALÉRIE SACCHI Orfèvrerie namuroise, 1500-1800 au Musée des Arts anciens du Namurois, 24, rue de Fer, à Namur. Ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 10 heures à 12 h h30 et de 13 h 30 à 18 heures. Catalogue vendu 300 F et cassette vidéo 990 F.

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