Les cisterciens dans le NamuroisL'ordre de Cîteaux a 900 ans cette année. L'histoire de son implantation namuroise donne lieu à une superbe exposition. Un regard dans quatre directions

Les cisterciens dans le Namurois L'ordre de Cîteaux a 900 ans cette année. L'histoire de son implantation namuroise donne lieu à une superbe exposition. On célèbre cette année, partout dans le monde, le neuf centième anniversaire de la fondation de l'abbaye de Cîteaux. Une vingtaine de moines bénédictins s'installaient, en 1098, dans ce coin de Bourgogne pour y pratiquer à lettre la règle de saint Benoît. C'était la naissance de l'ordre des cisterciens qui allait rapidement conquérir l'Europe.Ce neuf centième anniversaire est le prétexte saisi par le musée des Arts anciens du Namurois pour mettre sur pied une exposition intitulée «Les cisterciens en Namurois XIIIe -XXe siècle». Par «Namurois», entendez les limites de l'ancien comté de Namur. Ce qui permet aux organisateurs de l'exposition d'évoquer les abbayes de Soleilmont (aujourd'hui dans le Hainaut) et Solières (dans la province de Liège). L'abbaye de Saint-Remy à Rochefort, anciennement dans la principauté de Liège, a, également, été gentiment an- nexée comme elle fait désormais partie de la province de Namur. Au total, donc, le visiteur pourra revivre, jusqu'au 27 septembre, le passé, parfois somptueux, de dix abbayes cisterciennes namuroises. C'est finalement assez tardivement que les cisterciens se sont installés dans le comté de Namur. Deux siècles après la fondation de l'ordre. Mais dès cette époque, les dix monastères sont implantés et il s'agit essentiellement de communautés de femmes. Des moniales fondent, donc, les abbayes d'Argenton à Lonzée, de Notre-Dame du Vivier à Marche-les-Dames, du Val Saint-Georges à Salzinnes, du Jardinet à Walcourt, de Boneffe, de Moulins, de Saint-Remy à Rochefort, de Soleilmont et de Solières. L'abbaye de Grandpré est alors la seule occupée par des hommes. Une réforme intervenue au début du XVe siècle rétablira l'équilibre en convertissant quatre monastères féminins au profit de moines. LES LARGESSES DE LA NOBLESSE Autant d'implantations qui pendant des siècles vont influencer leur environnement. Dans le Namurois comme ailleurs, le train de vie des cisterciens va évoluer. Pauvres par vocation, ils vont malgré tout bénéficier de la protection puis des largesses de la noblesse. Leurs domaines de plus en plus importants seront bien gérés et rapporteront de plus en plus. L'austérité de la vie quotidienne des religieux cohabitera bientôt avec la richesse des communautés. Une richesse qui se lira notamment dans l'architecture des abbayes ou des églises et dans le recours de plus en plus fréquent aux arts décoratifs. Comme tous les ordres religieux, celui de Cîteaux failli être balayé par la Révolution française. Quelques abbayes vont disparaître définitivement dans le Namurois. D'autres vont se rétablir pendant le XIXe siècle, en s'adaptant à l'industrialisation et à l'économie de marché notamment grâce à la commercialisation des fromages et des bières trappistes, comme à l'abbaye de Saint-Remy. Le progrès n'a pas que de mauvais côtés. JEAN-PHILIPPE PETIT L'exposition «Les cisterciens en Namurois XIII e-XX e siècle» se déroule jusqu'au 27 septembre au musée des Arts anciens, rue de Fer, 24, à Namur. 081-22.00.65. Elle est ouverte tous les jours, sauf le lundi, de 10 à 18 heures. Entrée 100 F. Un regard dans quatre directions C ette exposition est finalement un paradoxe en soi , commente le frère Jean-Baptiste Lefèvre, qui est pourtant son initiateur. En effet, à l'origine, les cisterciens s'interdisaient le luxe des oeuvres d'art. Mais cela n'a duré qu'un temps. La position du frère Lefèvre, aussi, est paradoxale puisqu'en tant que bénédictin il a consacré des années de sa vie à l'étude de l'ordre de Cîteaux. C'est, donc, à ce moine de Maredsous que l'on doit la bonne idée d'une évocation de la présence cistercienne dans le Namurois. Idée que le conservateur du musée des Arts anciens, Jacques Toussaint, a immédiatement fait sienne. Elle a finalement été déclinée en quatre volets. Deux cents oeuvres. L'exposition proprement dite réunit quelque 200 pièces issues pour une bonne part des collections du musée. Les abbayes de Marche-les-Dames et de Salzinnes y sont les mieux représentées. Les autres oeuvres proviennent de collections privées ou ont été prêtées par des abbayes, des fabriques d'église. A ne pas manquer, notamment, les pièces d'orfèvrerie dont le repos de Jésus qui sert d'emblème à l'exposition (voir photo). A côté des oeuvres d'art figurent également des objets de la vie quotidienne. Monographie. Complément naturel de l'exposition et désormais ouvrage de référence sur le sujet, la monographie qui porte le même titre. Comme les ouvrages précédemment édités par le musée des Arts anciens, celui-ci est d'une très grande qualité et offre en 300 pages richement illustrées l'occasion de satisfaire toutes les curiosités. Un chapitre entier est consacré à l'hydraulique monastique. Les cisterciens étaient réputés pour leur maîtrise de l'eau, et cet aspect caché, voire souterrain, des abbayes ne manque pas d'intérêt. Cette publication est vendue au prix de 1.200F. Interactive. Comme la borne placée à l'entrée de l'exposition et qui présente la définition, le plus souvent illustrée, de 120termes spécifiques au monde monastique. Elle permet également de s'initier au plan d'une abbaye. Vidéo. Réalisée, comme le programme de la borne interactive par l'ASBL Cultura Europa, elle propose, à travers une promenade à l'abbaye de Villers-la-Ville, une présentation de l'ordre de Cîteaux et de son expansion. Elle est vendue au prix de 570F. J.-P. P.

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