Coup d'envoi de l'enquête sur la faillite de la Sabena REPERES Quinze commissaires Pour Langendries, le choix des experts sera capital

Coup d'envoi de l'enquête sur la faillite de la Sabena La commission d'enquête parlementaire sur la Sabena a été installée mardi. C'est à elle que revient la lourde charge d'établir les responsabilités qui ont mené à la faillite de l'ex-compagnie nationale. Elle est composée de 15 membres, 6francophones et 9 flamands.La commission est présidée par un représentant de l'opposition, le PSC Raymond Langendries. L'ancien président de la Chambre sera assisté de trois vice-présidents: deux libéraux (lire ci-contre) et un socialiste flamand. C'est une surprise de dernière minute, puisqu'on parlait jusqu'alors de deux vice-présidents seulement. Il y a eu une demande du SP.A quelques minutes avant l'installation de la commission , a expliqué Claude Eerdekens. C'est vrai que le SP.A était quelque peu oublié dans la composition initiale. La proposition a été acceptée par les autres partis. Le président et les trois vice-présidents seront appuyés dans leurs travaux par trois rapporteurs. Un d'entre eux est francophone (PS), les deux autres sont flamands (1 Agalev et 1 CD&V). L'équilibre politique est respecté , a ajouté Claude Eerdekens, chef de groupe PS. Immédiatement après son installation, la commission a tenu une première réunion à huis clos. Elle était essentiellement d'ordre technique. Vu le délai imparti à son enquête (six mois), la commission va suivre un rythme soutenu. Je suis prêt; si cela ne tenait qu'à moi, on peut se réunir quatre à cinq fois par semaine, a déclaré Lode Vanoost, un des trois rapporteurs. La commission se réunira à huis clos mardi et mercredi prochains. Les commissaires y détermineront l'ordre du jour de ses travaux. Ils désigneront également les experts et demanderont l'assistance d'un magistrat afin d'éviter les interférences avec l'enquête judiciaire menée par le juge Van Espen. Ph. Db. REPÈRES Quinze commissaires Raymond Langendries (PSC). Président de la commission (58 ans) et ancien président de la Chambre. Bourgmestre de Tubize. Olivier Chastel (PRL) . Vice-président et député de Charleroi. Willy Cortois (VLD). Vice-président. Ancien bourgmestre de Vilvorde. Hans Bonte (SP.A). Vice-président, échevin de Vilvorde et ennemi juré de Cortois. Jacques Chabot (PS). Rapporteur, a participé à la commission Lumumba. Lode Vanoost (Agalev). Rapporteur, ancien employé de la Sabena. Servais Verherstraeten (CD&V). Rapporteur, licencié en droit (Louvain-KUL) Claude Eerdekens (PS). Le bourgmestre d'Andenne en est à sa cinquième commission d'enquête. François Bellot (PRL). Bourgmestre de Rochefort. Gérard Gobert (Ecolo). Enseignant, ancien conseiller communal de Mons. Ludo Van Campenhout (VLD). Anversois, a participé à la commission Lumumba. Pierre Lano (VLD). Entrepreneur (secteur textile). Karel Van Hoorebeke (N-VA). Un proche du président Geert Bourgeois. Jozef Van Eetvelt (CD&V). Membre du bureau du parti démocrate-chrétien flamand. Gerolf Annemans (Vlaams Blok). Un ancien de la commission Dutroux. Pour Langendries, le choix des experts sera capital ENTRETIEN PHILIPPE DE BOECK Raymond Langendries, le président de la commission d'enquête, a confié ses espoirs au «Soir». Quel est le rôle du président d'une commission d'enquête? Il mène les débats et veille à ce qu'ils se passent bien. Contrairement à d'autres commissions parlementaires, le président est aussi un acteur. Il peut interférer dans les débats, comme n'importe quel autre commissaire. La tâche, qui vous attend, est énorme et complexe. Comment comptez-vous procéder? Sans précipitation. Parce que nous avons besoin de quelques réunions pour bien cibler et baliser nos travaux. Nous devrons être très précis sur notre méthode de travail. La première tâche consistera à déterminer les experts. Leur choix sera déterminant; parce qu'il n'y a pas eu souvent, à la Chambre, d'enquête parlementaire de cette nature. Vos travaux devront remonter jusqu'à 1975, n'est-ce pas trop lointain? Je crois que ce sera intéressant de voir comment la Sabena en est arrivée là en l'espace d'un quart de siècle. Les premières réflexions sur les alliances remontent à cette époque. Nous devrons déterminer les périodes les plus intéressantes. La période d'enquête est courte (6 mois), quand le rapport sera-t-il rendu public? Si on pouvait avoir terminé les travaux pour la fin de la session parlementaire (le 20 juillet, NdlR), cela permettrait d'établir le rapport en toute tranquillité. Et de présenter les conclusions pour la rentrée d'octobre. Une commission d'enquête trop longue perd parfois de son intérêt. Certains partis freinent-ils? Je n'ai pas l'impression... Le choc a vraiment été profond pour tous. L'entreprise belge la plus connue au monde qui disparaît, 12.000 emplois en jeu, cela a choqué tout le monde.Qu'attendez-vous de cette commission? Qu'elle mette le doigt sur les erreurs à ne pas répéter dans d'autres secteurs; et particulièrement les entreprises publiques. J'espère que les gouvernements en tireront des enseignements. Le PSC, par la voix de Jean-Pol Poncelet, avait été le seul à tirer la sonnette d'alarme dès le début de l'an 2000. On a l'impression que l'aérien n'intéressait personne. Pourquoi? J'avoue qu'il n'y avait pas un intérêt majeur de l'assemblée pour ces problèmes. Peut-être parce que les entreprises publiques autonomes menaient leur propre vie. La Chambre s'en mêlait peu, parce que le gouvernement s'en mêlait peu. Trop peu, peut-être... Des acteurs importants du drame comme Philippe Bruggisser, Paul Reutlinger et Mario Corti seront-ils convoqués? Je ne vais pas préjuger des souhaits de la commission, mais je ne vois pas comment elle pourrait faire l'impasse sur les dirigeants importants du SAirGroup et de Swissair... Avec toute la prudence nécessaire exigée par le fait qu'une procédure judiciaire est en cours. Il faut éviter les problèmes de ce côté-là et il faudra trouver une procédure particulière entre la commission d'enquête et le judiciaire. Les leçons que nous avons pu tirer des commissions précédentes devraient nous permettre de trouver le bon moyen pour éviter qu'elle n'interfère sur une enquête judiciaire. Les débats seront-ils retransmis en télévision? Je n'ai pas encore reçu de demande en ce sens, mais je suppose qu'il y aura un intérêt de la part de certaines chaînes. Je ne suis pas sûr qu'on en fera une série télévisée en direct comme ce fut le cas pour la commission Dutroux.

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