Anderlues Les élèves de l’école spéciale du Foya se sont rendus dans le camp nazi : A Breendonk, aperçu de l’horreur

ReportageAnderlues, 9h30 ce 5 juin, le temps est couvert mais ils s’en moquent. Cela fait si longtemps qu’ils tannent le prof de morale qui leur a promis une sortie. Et aujourd’hui, c’est le grand jour. Dans quelques minutes, le bus affrété par la Maison de la laïcité de Charleroi emmènera ces trente élèves du Foya et les huit enseignants du côté de Willebroek, à mi-chemin entre Anvers et Bruxelles, au Fort de Breendonk. Mais avant, un petit détour s’impose. A Houdeng-Gœgnies. Objectif : découvrir le lieu où le résistant Hector Ameye fut assassiné par la Gestapo, le 25 janvier 1943. Si Pierre-Stéphane Lebluy, professeur de morale qui a organisé la visite, souhaite voir cet endroit, c’est que Julien, le fils d’Hector Ameye, est mort fusillé au camp de Breendonk où il avait été enfermé avec son frère. Pour la plupart des jeunes qui fréquentent le Foya, une école secondaire d’enseignement spécialisé, ces repères qui vont les construire constituent une découverte : des gens sont morts pour des idées. Et d’autres parce qu’ils étaient différents : Juifs, homosexuels ou handicapés. Pour ces jeunes, ce n’est pas anodin. Pendant la Seconde Guerre mondiale, une école comme le Foya – qui accueille des enfants souffrant de handicaps mentaux légers ou profonds, de troubles de l’apprentissage ou du comportement (caractériels légers et profonds) – aurait fourni un plein convoi de personnes destinées à la déportation, aux expériences dégradantes et à l’extermination. C’est dur, très dur. Une prise de conscience qui se fait progressivement, depuis que le professeur de morale a entamé son projet, l’année dernière, en organisant une rencontre entre ses jeunes et un ancien « enfant caché ». Pour les jeunes du Foya, c’est une autre révélation. Même les enfants étaient victimes de la barbarie. Il y a quelques semaines, à la bibliothèque d’Anderlues, ils rencontraient Françoise Pirart, écrivaine hennuyère, auteur d’un roman intitulé Simon, l’enfant du 20e convoi, inspiré de l’histoire de Simon Gronowski. Un jeune Juif, toujours vivant, qui s’échappe du train l’emmenant vers Auschwitz, évitant une mort certaine grâce à la solidarité. « La solidarité, l’humanisme, mettre l’homme au milieu de l’action, c’est le fil rouge de mon travail, confie Pierre-Stéphane Lebluy. Derrière le prof, il y a l’homme et ce que je préfère dans mon métier, c’est la relation avec les élèves. Il faut plusieurs années pour la construire, pour que la confiance s’installe. J’utilise souvent l’humour. On se taquine et c’est ce qui marche le mieux. »Mais le bus arrive à destination. Entre-temps, la pluie s’est mise à tomber, rendant le Fort de Breendonk encore plus sinistre. Les guides conduisent les jeunes et leurs enseignants dans les dortoirs collectifs, le réfectoire des gardiens nazis, les couloirs sombres et nus, les cellules de 2 m2 où l’on enfermait les femmes, les sanitaires construits par les nazis quand ils comprirent que l’hygiène déplorable pouvait provoquer une épidémie de typhus à laquelle les gardiens n’auraient pu échapper en raison de la promiscuité… Et la pièce de torture emménagée dans l’ancienne armurerie de ce fort construit par l’armée belge. C’est cette pièce qui impressionne particulièrement les jeunes. Et le récit terrible des guides qui expliquent comment les nazis soutiraient les renseignements aux résistants. Parce que Breendonk était avant tout un camp de transit où, dès 1942, sont enfermés exclusivement les prisonniers politiques qui détiennent des informations à extirper par n’importe quels moyens, avant de les envoyer vers les camps allemands. Pour détendre l’atmosphère devenue pesante, un jeune interpelle la prof de maths : « Eh Madame, y a un rat qui sort du trou, là ! » Même s’ils le cachent sous des dehors de « durs », les élèves sont secoués. « Ont-ils compris ce qu’ils ont vu ? », se demande le guide qui n’obtenait que des silences à ses questions. « Oui, répond Pierre-Stéphane Lebluy. Je refuse d’opter pour la facilité. Je veux tirer les jeunes vers le haut, les nourrir de choses plus complexes pour leur donner une autre dimension, pour qu’ils aient d’eux-mêmes une autre image, plus valorisante. Parce qu’après tout, s’ils sont différents, ils sont surtout extraordinaires ! »

Votre compte

Anderlues Les élèves de l’école spéciale du Foya se sont rendus dans le camp nazi : A Breendonk, aperçu de l’horreur

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Le syndicat socialiste appelle à la grève générale le 31 mai

Roland-Garros: Elise Mertens défie Varvara Gracheva pour rejoindre les huitièmes de finale (direct)

Bruxelles: de nombreuses perturbations attendues dans les prochains jours

Portrait Décès d’Andy Fletcher, l’homme invisible de Depeche Mode

Salmonelle dans des produits Kinder: l’origine de la contamination déterminée

Entretien Guerre en Ukraine: «Beaucoup de diplomates russes ne croient pas leur propagande»

Tout savoir sur le pécule de vacances

Déclaration d'impôts : 5 erreurs à éviter

Vacances de Pâques : vers un retour à la normale

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel