Le commerce, reflet de l’évolution de notre société

Le ministre de l’Economie, Didier Gosuin (Défi) et le ministre-président, Rudi Vervoort (PS), travaillent ensemble à l’élaboration d’un nouveau schéma de développement commercial pour la Région bruxelloise (Le Soir du 27 septembre). Les agences Perspective pour la planification et Atrium pour le commerce collaborent afin de créer un outil dynamique qui pourra aider la prise de décision dans les années futures. Afin de l’établir, Atrium va étudier le commerce bruxellois sous toutes les coutures. Et l’agence de développement du commerce a décidé de débuter par l’évolution du commerce de détail entre 1950 et 2017.Pour cette étude, il a fallu trouver des critères communs à toutes les périodes ce qui n’a pas été chose aisée. Par commerce de détail, l’étude entend « une activité qui réalise la vente d’un bien et/ou d’un service à l’intention des particuliers et qui est localisée dans un local équipé d’une enseigne et/ou d’une vitrine. » Ensuite, il a fallu déterminer des types de commerces. En effet, certains ont totalement disparu ou les dénominations ont changé. Ensuite, les équipes d’Atrium ont fait des relevés sur le terrain.Ainsi, elles ont pu constater qu’entre 1950 et 2017, la Région est passée de 42.712 à 20.696 commerces, soit une diminution de 50 % de l’offre commerciale en 67 ans. La diminution n’est cependant pas linéaire. Entre 1950 et 1969, la décroissance annuelle moyenne était de 1,1 %, de 1,2 % entre 1969 et 1997 et de seulement 0,4 % entre 1997 et 2017. Cela signifie que la décroissance du nombre de commerces à Bruxelles diminue avec le temps.Evidemment, la concentration est aussi différente. L’offre se restreint dans le centre de la capitale alors qu’elle a tendance à croître dans les quartiers périphériques et dans la seconde couronne afin de répondre à l’urbanisation progressive. Le Pentagone a surtout souffert lors de la diminution de l’attractivité des passages au profit des centres commerciaux qui se situent plus en périphérie comme le shopping de Woluwe.Par contre, si le nombre de commerces a diminué ces soixante dernières années, la superficie a augmenté. Par exemple, à l’échelle nationale, la surface de vente totale dédiée au commerce a triplé en Belgique entre 1961 et 2015 surtout à cause de la grande distribution. Côté emploi, on note aussi une diminution du nombre d’indépendants et une augmentation des employés dans des grandes chaînes commerciales.Au fil du temps, le type de commerces a aussi évolué à Bruxelles. En 1950, les services en représentaient que 11,3 % des enseignes contre 21,3 % aujourd’hui. La restauration a aussi connu une croissance importante mais qui se ralentit ses vingt dernières années. A l’inverse, Les enseignes dédiées à l’équipement de la personne (vêtements, chaussures, parfumerie…) et aux loisirs (sport, livres, musique…) ont connu une diminution du nombre de points de vente entre 1950 et 2017 mais, récemment, on compte à nouveau une hausse du nombre de magasins dédiés à l’équipement de la personne.Atrium est allée encore plus loin dans son étude en analysant par type de commerces les différents magasins mais uniquement entre 1997 et 2017 afin d’avoir des données comparables. Dans la catégorie « produits de quotidienneté », on retrouve tout ce qui est lié à l’alimentation ou à la santé. Et on retrouve sans grande surprise les changements notables dans notre consommation. Ainsi, les commerces bio et diététique enregistrent une progression de 196,8 % entre 1997 et 2017. Et sans surprise, ils se situent principalement dans le sud-est de la capitale. Les night-shops ont aussi doublé en s’installant dans des quartiers devenus plus denses au fil des décennies.La diminution la plus importante concerne les kiosques et les vendeurs de journaux avec une fermeture de 309 points de vente soit 54,7 %.Dans la catégorie de l’équipement à la personne, Atrium relève la croissance soutenue des magasins de confection (+64,3 %) et de la parfumerie (+147,9 %). Cela peut s’expliquer par la tendance du « do-it-yourself » et de l’intérêt porté au bien-être. Et si l’habillement se porte si bien, c’est surtout grâce à l’ouverture de Docks Bruxsel au pont Van Praet et du shopping Cora d’Anderlecht.Par contre, dans la catégorie des loisirs, il n’y a que le scoutisme qui est en progression avec l’ouverture d’une échoppe. La photographie (-70,9 %) et les articles de chasse et de pêche (-84,6 %) sont sur le podium des fermetures, suivis de près par les disquaires, les librairies et les articles de sport. Le numérique contribue évidemment à la diminution des magasins de photos et des disquaires.L’e-commerce de manière général a modifié en profondeur notre manière de consommer. On ne trouve quasiment plus d’agences de paris sportifs puisque tout se fait en ligne. Idem pour les agences de voyages (-35,2 %), les banques (-34,9 %) ou les vidéoclubs (-76 %). Et d’ici quelques années, on peut imaginer que les copy-shop ou encore les cyber cafés disparaissent à leur tour. Par contre, le toilettage pour animaux semble être le plus stable puisqu’il ne connaît ni ouverture ni fermeture depuis 20 ans.

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