« Pourquoi je vais à la Belgian Pride »

C’est la campagne ? « Bon, mais là, il y a un sentiment d’urgence et d’impatience, c’est cela qui me pousse à intervenir, c’est le cœur de mon propos, le sens que je veux donner à ma participation à la Belgian Pride cette année »…Urgence ? Impatience ? A savoir ? Elio Di Rupo se pose en militant au sein de la communauté dites LGBTQI+, pour lesbienne, gay, bisexuel, transgenre, queer, en questionnement, intersexe, et + pour tous les autres. Il explique : « Oui, parce qu’il y a un retour du conservatisme, chez nous et en Europe largement. Les discours que l’on entend dans différents milieux, on ne les entendait pas il y a quelques années. Ça ne va pas, c’est dangereux. C’est vrai dans le débat sur la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse. Même chose sur l’euthanasie, ou bien sûr par rapport à l’homophobie et aux actes homophobes. On a eu une période d’oxygène, où la liberté était le message et la réalité dans la rue, maintenant on sent un recul, en plus des agressions. J’ai l’impression que pas mal de gens n’arrivent plus à supporter la liberté des autres… Nous arrivons à un point crucial. Alors, je soutiens que nous, responsables politiques, nous devons réagir maintenant pour contrecarrer ce retour du conservatisme. Il faut oser brandir à nouveau l’étendard de la liberté, tout simplement, c’est pour cela que je serai ce samedi à Bruxelles, et que je veux justifier ma participation. »Elio Di Rupo ramasse : « Oui ou non en 2018, sommes-nous mûrs pour vivre dans la liberté, ou bien en sommes-nous incapables ? » Concrètement : « Prenez la liberté du mariage pour tous, celle d’adopter des enfants… Cette liberté et ces droits ne nuisent absolument à personne, ils n’enlèvent rien à personne, alors ? La Belgique a pu évoluer d’une manière formidable. Disons-le. Et soutenons que le PS a eu un rôle prépondérant dans toutes les avancées éthiques dans notre pays. Nous sommes classés deuxième parmi les pays les plus “gay friendly”, les plus avancés en matière d’acceptation et de droits accordés aux lesbiennes, aux gays, aux bisexuels… »Elio Di Rupo re-justifie : « Et puis, enfin, quelqu’un qui est gay, ou bisexuel, ce n’est pas un choix délibéré, ce n’est pas quelqu’un qui se lève le matin et qui se dit : “Tiens, à partir de maintenant, je deviens gay” – là, je ne parle pas des gens qui font des expériences, des gens qui goûtent aux plaisirs de la vie. Non, il y a mille et un facteurs, il y a des prédispositions génétiques, aussi l’influence de la société dans laquelle on a vécu, etc. Ce que je veux dire par là : tous les opposants, les conservateurs, les intolérants, qui se multiplient dans un nombre incalculable de pays, et qui font ici la morale, là qui condamnent, qui frappent, emprisonnent, ou qui tuent, ceux-là visent des innocents ! Des gens qui n’ont strictement rien faire de mal. »Sous l’arc-en-ciel fleuri de la Gay Pride, le président du PS n’oublie pas les bleus ni les orange, qui apprécieront le dégradé de couleurs. Pour ce qui concerne le MR : « Le Premier ministre actuel se vante de tout et notamment de constater que la Belgique est, comme je l’ai dit, classée deuxième parmi les pays “gay friendly”… Mais ce qu’il ne dit pas, c’est que son parti a majoritairement voté contre le mariage des personnes du même sexe, et que lui-même a voté contre l’adoption par les couples gays et les lesbiennes. Voilà les actes. »Elio Di Rupo éreinte le CDH : « Là, on voit bien le retour des conservateurs… Vous savez que nous nous battons au Parlement pour sortir l’IVG du Code pénal et l’insérer dans la politique de santé. Les partis du gouvernement se sont inventés comme prétexte de faire appel à des auditions, ils essaient de noyer le poisson, d’aller jusqu’aux élections sans agir, on sait ce qu’il en est du CD&V et de la N-VA. Mais vous savez que le CDH, quant à lui, a déposé une proposition de loi… Et là, franchement, je m’insurge ! C’est d’une hypocrisie sans nom. Sortir l’IVG du Code pénal mais maintenir les sanctions… Quand on lit cette proposition, on se rend compte qu’au fond, la femme est objet d’interdit et de soumission. C’est cela qui se joue. Pour nous, elle a droit à toutes les libertés, à l’égalité absolue et de disposer de son corps comme elle l’entend. »Festive, la Belgian Pride 2018 est aussi « revendicative, vous l’avez compris ». Elle a un air de campagne à elle seule, on l’a compris : changements de genre, droits des personnes intersexuées, filiation pour les hommes, aussi dons de sang… « Là, on a progressé pour ce qui concerne les homosexuels, mais il y a encore des discriminations, on veut que l’on indique qu’il y a eu… un an d’abstinence ! Il faut permettre de donner son sang pour autant qu’il soit de la qualité souhaitée, point. Là toujours, on ne peut pas comme ça stigmatiser une communauté. »

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