Tivoli, nouveau quartier exemplaire

C’est un projet exemplaire. Parce qu’il incarne la ville à dix minutes, insiste Philippe Close, qui en a fait la philosophie de son mayorat. Parce qu’il est précurseur en matière de développement durable, de mixité sociale et fonctionnelle, souligne Benjamin Cadranel, administrateur général de Citydev. D’ailleurs, le Roi lui-même viendra, en voisin laekenois, inaugurer le tout nouveau quartier Tivoli, mercredi, en fin de journée.Certes, les lieux ne sont pas encore totalement libérés de leur parfum de chantier, ni envahis par les plantes comme le promettent les plans. Mais ils impressionnent déjà. Par leur ambition, leur esthétique, leur inscription dans la ville, entre l’Atomium et le canal, avec vue imprenable sur les bureaux, les industries, Laeken. Tivoli, ce sont 271 logements moyens (mis en vente par Citydev), 126 sociaux (gérés par la SLRB), deux crèches, des potagers collectifs, une serre, une place centrale qui a des allures de parc, de nouvelles voiries, baptisées au nom des Justes. Au total, 4,5 hectares développés par Citydev – les travaux ont été confiés à l’association de promoteurs Parbam. Dont coût une centaine de millions d’euros, dont vingt-cinq directement supportés par Citydev.La mixité sociale comme principeUn dossier dont Benjamin Cadranel n’est pas peu fier. « D’abord pour sa mixité sociale, explique-t-il. Un tiers de logement social, deux tiers de logements destinés à la classe moyenne, qui sont déjà vendus. Le quartier va donc rester populaire, quoi qu’en disent certains, qui parlent de gentrification. » Concrètement, les différentes catégories de logements se mélangent sur les cinq lots du site – deux autres seront dédiés à l’habitat groupé et au Community Land Trust. Et, pour chaque immeuble, tout est fait pour stimuler les échanges. Jusque dans les buanderies, collectives, mises gratuitement à disposition des occupants, et tant mieux s’ils en profitent pour tailler une bavette autour du panier de linge. Idem pour les jardins collectifs, en intérieur d’îlot, ou les potagers sur les toits, laissés à la gestion des habitants.« C’est l’autre force de ce projet, enchaîne Benjamin Cadranel, nous l’avons voulu exemplaire sur le plan du développement durable. » Et d’égrener les vertus du site. Des logements zéro énergie ou passifs. Une gestion de l’eau optimale : les eaux pluviales sont récoltées et alimentent les buanderies ; les eaux grises sont réutilisées pour les chasses d’eau, l’arrosage… Le tout via un système de noues (de petits fossés), de citernes et de fosses, des trottoirs perméables. Pareil pour les déchets : la collecte sera organisée via des conteneurs enterrés (qui s’ouvrent avec un badge). Les habitants n’auront donc jamais plus de cinquante mètres à faire pour déposer leurs sacs-poubelle.Le chauffage est assuré par un réseau de chaleur, alimenté par une chaufferie centrale, visible depuis l’une des voiries. Des panneaux indiqueront en permanence les performances des installations et les consommations. « C’est une des leçons que j’ai apprise de mes voyages à l’étranger, par exemple à Stockholm ou Copenhague, explique Benjamin Cadranel. Cette idée d’expliquer les enjeux, les concepts… » Et puis il y a la place centrale, organisée autour de deux platanes remarquables et d’un érable qui l’est presque autant. Sur le toit d’un des bâtiments, une serre (avec vue vertigineuse sur Bruxelles), qui sera exploitée avec l’aide de pros des semences, et ouverte le plus largement possible au quartier environnant…Pour que cette démarche soit partagée par toutes et tous, chaque occupant signe la charte du quartier durable Tivoli Green City, par laquelle il s’engage à contribuer aux objectifs de durabilité, mais aussi « de participation, de convivialité, d’exemplarité ». « Et après, on leur laisse la main, sourit Benjamin Cadranel. La philosophie est clairement annoncée, notre rôle s’arrête là, nous n’allons pas verser dans le paternalisme. »Priorité à la mobilité douceC’est un troisième axe revendiqué par Citydev : l’ouverture. Les lots ne sont pas visuellement fermés, les coins de verdure accentuent l’impression de perspective, ouverte par les nouvelles voiries (qui ne toléreront qu’un trafic lent et décourageront le transit via les sens de circulation). Les écoles, francophone et néerlandophone, de ce bout de Laeken seront largement invitées à profiter du site. Lequel fera donc la part belle à la mobilité douce ; il n’y aura d’ailleurs que 350 emplacements de parking, contre 678 pour les vélos (qui auront aussi leurs espaces dédiés pour l’entretien).Tivoli, quartier exemplaire, sera donc officiellement inauguré le 20 février, avec une visite royale et une fête populaire. Les premiers occupants devraient arriver au printemps. Les premiers arbres, sur les façades qui sont pour l’heure d’un blanc tout frais, sont attendus pour l’automne.

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