LIEGE:LE PIGEON A VOL D'OISEAU HISTOIRES TENACES DE VOLATILES

Liège: le pigeon à vol d'oiseau «Volà lès colons»! La colombophilie s'expose durant un long week-end, du 22 au 24 juillet, au musée de la Vie wallonne. Quel Liégeois n'a pas, dans son quartier ou sa famille, une connaissance ou un parent éleveur de pigeons. C'est que, dès le XIXe siècle, les «colèbeus» (éleveurs de «colons», de «pigeons» en wallon) se sont largement implantés en bord de Meuse et que pigeons et pigeonniers font partie de notre environnement traditionnel. Aujourd'hui, la passion et le nombre total de pigeons voyageurs restant plus ou moins constants, même si le nombre d'éleveurs diminue, la section provinciale liégeoise de la fédération colombophile belge compte néanmoins encore 97 clubs et environ 2.800 membres (sur plus de 70.000 en Belgique). «LES CONVOYEURS ATTENDENT» LE VIEUX BLEU Pour mieux faire connaître, pour faire découvrir ou plus simplement rappeler ce que fut et reste le monde colombophile liégeois et wallon, le musée de la Vie wallonne, la Province de Liège et les représentants de la Royale Fédération colombophile belge proposent une manifestation «Pigeon vole...», les 22, 23 et 24 juillet prochain. Au menu de ce week-end figure tout ce que Liège et ses alentours peuvent compter de symboles et de clichés colombophiles: rediffusion du reportage de Françoise Lempereur (RTBF-Liège) «Les convoyeurs attendent», vente des albums «Le Vieux Bleu» de François Walthéry, vente d'épinglettes et de cartes postales du Vieux Bleu, vente d'un récit exclusif de René Hénoumont («Mathieu, l'enfant pigeon»). LES AILES DU PLAISIR ET DE DR OLES D'OISEAUX Plus original, le vendredi 22 à 10 h 30, aura lieu un lâcher de 750 pigeons dans la cour des Mineurs qui jouxte le musée de la Vie wallonne tandis qu'à 11 h, on procédera à l'inauguration de l'exposition «Pigeon vole...» proprement dite. On pourra y voir une série de documents et d'objets retraçant aussi bien le déroulement des concours de pigeons (bagues, diplômes, constateurs...) que l'univers de ces drôles d'oiseaux que sont les colombophiles. Ce sera le moyen d'entrer dans le monde des «lâchers», des concours de vitesse (moins de 250 km à parcourir), de demi-fond (de 300 à 600 km ou de fond (plus de 600 km), dont le plus célèbre et le plus redouté est certainement le «Barcelone». On entrera aussi dans la petite histoire du pigeon, notamment avec des souvenirs de pigeons-soldats tels qu'un parachute pour pigeons (!) utilisé pendant la guerre lors de largages pour la résistance... Pour en revenir à la manifestation, un autre point fort de la journée du vendredi se situera sur la place du Marché où stationnera un semi-remorque servant à l'acheminement des pigeons de concours et pouvant contenir 3.900 volatiles dans 154 paniers. Bref, une manifestation à suivre à tire-d'aile et sans crainte de prise de bec... E. R. Histoires tenaces de volatiles Comme toute passion populaire, les concours de pigeons et le monde colombophile ont laissé des traces et des récits dans la mémoire collective. Les premières sont partiellement rassemblées dans l'exposition préparée par le musée de la Vie wallonne et les autres animent encore bien des soirées chez les colombophiles. En voici quelques exemples. On raconte encore aujourd'hui l'histoire du «pigeon des Guillemins» qui aurait accompagné le train Liège-Bruxelles tous les jours à 9 h 57 précise. Arrivé à la gare de Waremme (dernier arrêt avant la capitale), il faisait demi-tour et, tel un métronome, revenait immanquablement aux Guillemins à 11 h 30. Quand le propriétaire du volatile a déménagé avec son pigeonnier... son pigeon l'a abandonné et est venu s'installer aux Guillemins, définitivement paraît-il. En cette année anniversaire de la Libération, il n'est peut-être pas inutile de rappeler que, de 1943 à 1949, 32 «Dickim Medal» (équivalent animalier de la Victoria Cross) ont été remises à des pigeons pour leurs «actes de courage et de dévouement», notamment à celui qui, lâché depuis les côtes normandes par le correspondant de l'agence de presse Reuter le 6 juin 1944, a rallié son pigeonnier en 5 heures 16 minutes, apportant avec lui des nouvelles «fraîches» du débarquement. Autre anecdote: après un concours lâché à Saint-Denis, en France en 1959, un colombophile hennuyer ne récupéra un de ses champions qu'après un mois. Il portait un billet à la bague expliquant qu'il avait échoué sur le pont d'un navire français faisant route... vers la Russie. Soigné par l'équipage et caché afin d'éviter les tracasseries administratives dans les eaux soviétiques, il n'avait été rélâché qu'au retour, lors du passage au large des côtes belges. Enfin, alors que c'est à Liège que les premiers convoyages en train ont été organisés (1859), il faut rappeler qu'au départ, les paniers de pigeons étaient amenés à pied aux lieux d'envol. Les porteurs voyageaient en groupe, souvent de nuit, et les meilleurs d'entre eux ralliaient Paris en huit jours... pour un salaire de cinq francs. E. R.

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