Chronique: le MR est fâché

Le socialisme a sorti les gens ordinaires de la misère, le libéralisme les y renvoie à grande vitesse.

J'aime beaucoup l'écrivain Vincent Engel. Mais le polémiste me déçoit. Qu'il émette des critiques virulentes contre un système social qu'il n'apprécie pas, c'est son droit de citoyen. Qu'il le fasse en se présentant comme "écrivain, professeur d'université, etc." càd en se drapant dans les apparences du sérieux et de la rigueur me paraît une forme d'usurpation. Surtout en se cantonnant dans des approximations et des incantations. D'un "écrivain, professeur etc." on s'attendrait à plus de pédagogie, d'argumentation, de données vérifiables. Finalement il apporte de l'eau au moulin du MR qui pourra facilement démontrer que sa diatribe ne repose pas sur des faits mais sur des sentiments. Acceptable pour un citoyen lambda, regrettable pour un leader d'opinion (ou qui se veut tel).

Van Obberghen Paul, au contraire, la critique de Vincent Engel est parfaitement calibrée. En 1999, Louis Michel incarnait un libéralisme historique sociétal et social. Du social, il ne reste rien, ce gouvernement n'a fait qu’accroître les inégalités existantes au nom d'une pseudo efficacité de science économique de plus en plus contestée et en effet, il faut être devin et lire dans le mare de café pour constater autre chose qu'une timide reprise économique qui n'est pas le fait de la politique du gouvernement mais qui est européenne, et la Belgique n'affiche pas les meilleurs résultats en la matière loin s'en faut. Mais le MR a décidé lui-même de saborder l'autre pan du libéralisme historique. En se prosternant devant l'autoritarisme raciste et sécuritaire de la NVA et dernièrement en cédant aux oukazes conservatrices, le MR a jeté l'essence même du libéralisme des lumières. Du libéralisme il reste quoi? Un capitalisme de rentiers conservateurs peureux qui cèdent au racisme et à la démagogie de bazar. Louis Michel lui même irait à présent ventre à terre faire du ski en Autriche et il prépare surement son prochain dîner boudin à Varsovie avec Kaczynski! Voilà la réalité des faits et je ne parle pas d'un esprit pourtant brillant comme celui de Richard Miller qui se perd en demandant aux autorités académiques de suivre le gouvernement. Rompez! Vous avez dit libéralisme? Quelle blague!

Il faut être d'une particulière mauvaise fois pour ne pas voir d'où vient l'attaque. C'est une technique éculée de la gauche, et du PS en particulier, d'attaquer la droite (et donc le MR) comme traître au "vrai libéralisme" qui est forcément social, alors que le MR lui serait "néo-libéral", traître à l'héritage de Jean Gol, quasi du fascisme (déjà accusé dudit dans ces colonnes mêmes). Depuis bien longtemps, pour le PS, le libéralisme est tolérable à condition qu'il soit social comme il l'était supposément au départ (ce qui est un fait, mais rien ne dit qu'il ne le soit plus). Mais ce que pratique aujourd'hui le MR et ses semblables en Europe, n'est plus du libéralisme, mais du "néo-libéralisme" qui ne favorise que les plus riches, complices mêmes selon mr. Engel, de l'évasion fiscale qu'ils pratiquent, ignorant les plus pauvres et les travailleurs qu'ils exploiteraient éhontément. "Néo-libéralisme", ça ne veut rien dire du tout; le terme est utilisé depuis... le 19e siècle! Généralement par la gauche pour attaquer la droite, traître au supposé "vrai libéralisme". C'est aux libéraux de décider si le MR est un parti libéral, pas à la gauche ni au PS. Et si le MR était bien le parti des riches, ça en ferait des riches en Belgique, pour tant voter pour eux. C'est le 2e parti francophone, et tous ceux-là qui votent pour le MR seraient des riches perclus de Pesos à devoir les planquer ailleurs? Allons... J'ai aussi mes critiques vis-à-vis du MR (j'en ai fait état lors du choix du F35), mais l'attaquer par le biais de Louis Michel, qui est au MR ce que Philippe Moureau est au PS, et sur base d'une supposée trahison au "vrai libéralisme" ne peut venir que de la gauche et du PS. Prétendre le contraire n'est rien d'autre que de l'hypocrisie.