Quelques remarques encore après toutes les autres : Les techniques d'inscription sur les listes et de manipulation des territoires sont aussi pratiquées en France (avec les districts électoraux) mais les trucs de dissuasion à voter ne règnent pas. On pourrait rendre le vote obligatoire et, pour permettre cette "liberté" chère aux américains, leur donner le droit de demander à être désinscrit au droit de vote. France et USA ont un régime "présidentiel" : la constitution donne un grand pouvoir au président. Les "concertations" traditionnelles chez nous n'apparaissent pas chez eux (mais qui croit que Macron prend seul les décisions de confiner ou non ?). France, USA et UK ont une système uninominal : celui qui a le plus de voix de deux sur un (petit) territoire est élu, les autres n'ont rien. Chez nous, dans un grand territoire (partie de province), on retient autant d'élus que le prévoit le territoire , en fonction des meilleurs élus de plusieurs listes ou partis : 3 rouges, deux verts, deux bleus et deux oranges par exemple. UK et USA ont un système a un tour, le meilleur gagne tout, tous les autres sont déboutés (il y a des centaines de candidats présidents aux USA) et cela force à unifier séparément deux grands partis fourre-tout pour avoir une chance d'être élu. En France, avec deux tours, il reste deux (parfois trois) candidats au 2e tour, et celui qui gagne a souvent 50 % des votants. En gros ces élections sont des courses à l'élimination, alors que notre système favorise la représentation. Mais notre système demande ensuite de former des coalitions, ce que les autres ne connaissent pas. On peut limiter la "représentation", en supprimant les élus dont le parti n'atteint pas un seuil (5% en Allemagne, peut être en Flandre), ou par une clé de répartition des voix dont les élus ne sont pas retenus : on les reporte sur les partis gagnants ce qui favorise les grands partis : c'est la "clé d'Hondt" de notre pays.c Bref, la "démocratie pure" dont parle quelqu'un n'existe pas. Il y a des tas de règles divergentes et un peu manipulatrices. Comme pays très divisisé en couleurs, régions langues et religions, la "représentation" nous est utile. Mais il faut trouver la coalition ensuite ! Les français ont une relation d'amour-haine envers le chef qui est divinisé et moqué à la fois. La coalition les convaincrait peu !
Merci pour ces remarques qui discutent des avantages et inconvénients de différents systèmes électoraux très courants. Mais il y a aussi le système australien, qui est très intéressant. Le vote y est obligatoire comme en Belgique, mais on applique le "système préférentiel". L'électeur vote pour plusieurs candidats de partis différents dans l'ordre de ses préférences. Si le candidat de son premier choix n'est pas élu dans son arrondissement, son vote est reporté sur son deuxième choix, et ainsi de suite. De cette manière, les votes ne sont pas perdus.
Je réponds brièvement aux commentaires émis sur ma chronique. Je remercie tous ceux qui l'ont trouvée éclairante et très documentée. C’était le but. C’est le résultat de beaucoup de recherches. Certains ont regretté que je n’ai pas expliqué le système des grands électeurs qui a pour effet qu’un président puisse être élu alors que son opposant a recueilli plus de voix. J’avais pensé que ce système était bien connu du grand public, et j’ai donc voulu me focaliser sur une foule de faits qui ne sont probablement pas connus du grand public. Que Trump ait été élu avec moins de voix que Clinton tient en effet au fait que le président des USA n’est pas élu par un vote direct, mais via les grands électeurs de chaque État. Je considère que ce système des grands électeurs n’a rien d’antidémocratique, et je ne l’ai donc en rien critiqué. Il est étrange que certains commentateurs aient pu croire cela, alors que ce système n’est mentionné nulle part dans ma chronique. Chaque système électoral a ses avantages et ses inconvénients. Ainsi, les systèmes électoraux en France et en Angleterre pourraient conduire à ce qu’un parti qui ne recueille pas plus de 40% des voix, mais qui arrive en tête dans chaque circonscription électorale, occupe la totalité des sièges au parlement. Et personne ne crie au scandale. Enfin, je ne m’attarderai pas sur les commentaires d'une personne qui affirme que tout dans ma chronique est inventé. Il est normal qu’un journal comme Le Soir compte aussi parmi ses lecteurs des complotistes, qui prétendent que les publications scientifiques et les articles du New York Times et du Guardian sur lesquels cette chronique s’appuie sont tous des fake news. Laissons-les à leurs phantasmes et leurs incohérences, que d'autres lecteurs ont eu le bon goût de souligner.
Merci pour votre réponse aux commentaires. Bien que le mien (comme tous ceux postés avant le 18 octobre 14h) ait été expurgé de cette nouvelle édition, je voudrais souligner que mon propos n'était nullement de prétendre que le système des grands électeurs était antidémocratique : toute formule de représentation implique un dessaisissement du citoyen, c'est évident. J'évoquais bien plutôt "la persistance du privilège numérique (nombre de grands électeurs) accordé jadis (et maintenu depuis) aux Etats esclavagistes pour permettre aux maîtres de 'mieux' représenter les droits de leurs esclaves". Il ne s'agit pas ici d'un "désavantage" inévitable, mais bien d'un avantage calculé, conféré à certains Etats bien choisis, sous couvert de justice. L'hypocrisie que je soulevais en conclusion n'avait donc rien à voir avec votre chronique, mais avec cette faculté bien humaine de retirer en coulisse ce qu'on semble offrir sur scène, faculté que les manipulations que vous décrivez illustrent parfaitement.
Après lecture de l'article et de tous les commentaires, je peux au moins dire que l'obligation de vote est le plus sûr moyen pour avoir une expression démocratique, dans le sens de "tous les citoyens participent également au vote". Comme un commentaire l'exprime, le système d'élection présidentielle au travers des grands électeurs est toutefois déjà éloigné du pur vote démocratique, et l'article devrait être complété de l'analyse du système USA et ses divergences par rapport à la pure démocratie. Ce serait tout de même intéressant de savoir si la pure démocratie aux USA élirait un personnage comme Trump, dont les comportements et les choix paraissent toujours électoraux et s'adresser à l'intérêt propre d'une majorité ciblée de citoyens plus qu'à l'avenir du pays, et aussi du monde en tant que 1ère puissance. (Trump et son argent ont probablement déformé également les valeurs du parti républicain et son élection pour représenter son parti serait aussi à documenter utilement même si les règles démocratiques n'y sont pas contraignantes.)
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