L'argumentation de m. Van Parijs souffre d'une très grosse faiblesse. A ma connaissance la catégorie dont il parle (musulmans ayant un bon niveau d'études et de revenus) est justement surreprésentée parmi les auteurs d'attentats... Ce qui ne m'empêche pas d'être d'accord avec lui lorsqu'il s'agit d'instaurer un revenus universel.
Par ailleurs la CJUE a rendu un arrêt tout récemment (voir le monde.fr). L'interdiction du voile au travail n'est pas discriminatoire dès lors qu'elle est justifiée. La neutralité de l'État étant aux yeux de la CJUE un motif valable.
Mais que voilà donc une nouvelle masturbation intellectuelle de notre Van Parijs, promoteur du "revenu de base inconditionnel .... à l'aube de ses vacances .
Stuart Mill c’était il y a deux siècles, le monde a changé depuis …
Le discours de Monsieur Van Parijs est presque émouvant de sincérité et d’amour de la liberté s’il ne se basait sur un aveuglement nécessaire mis au service d’une interprétation toute personnelle et tronquée de Mill pour défendre ce qui reste son avis. Par ailleurs, Monsieur Van Parijs ne replace pas la pensée de Mill dans son contexte… L’aveuglement nécessaire est évidemment de réduire le foulard à un éventuel signe religieux. Il ne faut surtout pas l’admettre comme l’expression d’une pensée radicale qui place toujours la femme dans une position d’infériorité sinon Monsieur Mill ne pourrait être appelé à la rescousse. En effet, lisez plutôt ce passage du philosophe : « Je crois que les relations sociales des deux sexes, qui subordonnent un sexe à l’autre au nom de la loi, sont mauvaises en elles-mêmes et forment aujourd’hui l’un des principaux obstacles qui s’opposent au progrès de l’humanité ; je crois qu’elles doivent faire place à une égalité parfaite, sans privilège ni pouvoir pour un sexe, comme sans incapacité pour l’autre. » Je rappelle que notre démocratie tend vers cette égalité alors que l’islamisme place toujours la femme comme le complément de l’homme. Il ne faut pas non plus voir ce foulard comme l’étendard de ceux qui veulent brider la liberté (de pensée, de parole et puis d’action) des autres et qui appellent à tuer ceux qui ont l’outrecuidance de penser autrement. Pourquoi ? Parce que, dans ce cas, on peut penser que le champion anglais de la liberté, d’après ses propres principes, aurait estimé que ces individus étaient dangereux (il les appelle des « barbares ») pour la société et aurait réclamé pour eux une coercition sociale. Comme de trop nombreux universitaires – il reste des résistants mais nettement minoritaires – Monsieur Van Parijs renverse les valeurs en même temps que la marche du progrès et présente la neutralité de l’État comme un élément rétrograde, opprimant, clivant… et le voile islamiste comme un signe d’émancipation et d’intégration. Il semble donc partager cette nouvelle définition sociale de l’individu uniquement en fonction de la théorie de l’intersectionnalité qui montre que les facteurs de domination et de discrimination sont multiples (sexe, classe sociale, couleur de peau, religion, handicap…) qu’ils peuvent se cumuler et renforcer dès lors le rejet de la personne ainsi opprimée par un pouvoir dictatorial. Le problème de la dérive de cette théorie (car il existe, hélas, le délit de « sale gueule »), c’est de toujours présenter l’individu incriminé comme victime et l’État comme coupable, quoi que la personne avance comme idées ou quoi qu’elle ait fait. Je rappelle qu’il existe aussi des individus noirs, pauvres, musulmans et peut-être amputés d’un membre qui sont des criminels ou qui répandent des idées liberticides. Monsieur Mill est aussi l’auteur de cette célèbre phrase : « La liberté des uns s’arrête où celle des autres commence. » Accouplée à la nécessité de neutralité de notre État (s’il veut apparaître impartial) et à la liberté de culte et de son expression garanties chez nous, cette phrase de Mill peut s’interpréter de la manière suivante : un individu a aussi parfaitement le droit de ne pas être exposé à l’expression permanente du culte de l’autre. Surtout quand cet autre est fonctionnaire, représentant… de l’État. Enfin, je peux me tromper, mais je vois Monsieur Van Parijs plus prompt à défendre la liberté de porter un voile sur sa tête au nom d’un totalitarisme (ne lui en déplaise) qu’à défendre le droit de garder simplement sa tête sur ses épaules au nom de la liberté d’expression. On demande à Mill ce qu’il en pense ?
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