Les six choses à retenir de l’interview de Charles Michel

Exercice convaincant pour Charles Michel, mercredi soir, sur le plateau de la RTBF.

Journaliste au service Monde Temps de lecture: 5 min

Soirée réussie pour le Premier ministre et la RTBF, mercredi soir. Voilà longtemps que le Premier ministre rêvait de pouvoir faire œuvre de pédagogie autour de l’action de son gouvernement, dans un long format télévisé, façon Des paroles et des actes (France 2). La nouvelle émission de la RTBF, L’Interview, lui en a donné l’occasion. Verdict ? Positif. Pour Charles Michel, qui a pu s’expliquer sur la plupart des sujets qui fâchent. Et pour la chaîne publique, grâce à une émission dynamique, sans concession. Qu’en retenir ?

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1Une phrase forte, pour tenter de clore la polémique N-VA. Cruelle séquence que ce « Vous l’avez dit », qui rappelle que, voici pile un an, celui qui était encore président du MR avait lancé, sur le même plateau, « Je ne crois pas à la sincérité de la N-VA sur le plan économique. Je n’ai rien à voir avec la N-VA. » Des phrases que l’opposition francophone se plaît régulièrement à reprendre. Charles Michel a préparé sa réponse, forte, pour tenter d’éteindre la polémique. « Je me suis trompé avec la N-VA », lance-t-il, solennel, avant de développer son raisonnement. « J’ai fait une erreur d’appréciation. J’étais convaincu que la N-VA ne pourrait pas renoncer à 100 % à son programme institutionnel. Puis, j’ai été confronté à l’électrochoc provoqué par le PS et le CDH, le pays risquait de plonger dans le chaos. C’était un nouveau paramètre. Tout l’été, j’ai beaucoup discuté avec Bart De Wever, avec les autres partis flamands. J’ai acquis la conviction qu’on pouvait former un gouvernement avec un projet exclusivement socio-économique. » Quand, au bout de l’heure d’émission, on lui demande s’il fait confiance à Bart De Wever, le Premier ministre appuie son propos. « Jusqu’ici, sa parole a été parfaitement respectée. »

2La réforme fiscale pour juillet. Alors que les discussions sur la réforme fiscale vont s’intensifier au sein de la majorité, Charles Michel ne pouvait logiquement pas dévoiler les pistes qu’il privilégie. Il a en revanche confirmé « vouloir des accords avant l’été ». « Il y aura une réforme fiscale », qu’il entend annoncer en juillet. Ses critères ? « Qu’elle soit équitable et efficace. » A la FEB qui rêvait qu’elle ne bénéficie qu’aux entreprises, Charles Michel répond qu’elle devra profiter « aux travailleurs et à ceux qui créent de l’emploi ». Baisse de l’IPP et des charges, donc. Comment les financer ? Trois pistes, que répètent en boucle tous les mandataires MR : les pollueurs, les fraudeurs et les spéculateurs sont dans le viseur du gouvernement. Pas d’autre précision. En revanche, Charles Michel s’engage à « entendre et écouter » les Régions (inquiètes des conséquences, pour leurs budgets, d’une réduction de l’impôt des personnes physiques) au sein du comité de concertation.« Mais il n’est bien sûr pas question de codécision », ajoute, à toutes fins utiles, le Premier ministre.

3200.000 emplois d’ici 2020. En campagne électorale, le président du MR martelait son credo : réconcilier les notions de développement économique et de progrès social. Mercredi soir, le Premier ministre l’a répété. Interrogé par Bernard Delvaux, administrateur délégué de la Sonaca, Charles Michel a redit son ambition « de créer un électrochoc, en Belgique, pour que toutes les entreprises, grandes et petites, puissent se développer ». Et donc créer de l’emploi. Et, alors qu’en octobre, dans un entretien au Soir, le chef du gouvernement refusait de se fixer un objectif chiffré, cette fois, il fait sienne les prévisions du Bureau du plan : 200.000 emplois d’ici 2020.

4Pas de recul sur l’âge de la pension. Ce sera l’une des seules critiques à l’égard de l’opposition : les propos d’Elio Di Rupo, qui s’engage à ramener l’âge légal de la pension à 65 ans si le PS revient au pouvoir, « ne sont pas très sérieux ». Charles Michel justifie cette décision, qui ne figurait pas dans le programme de son parti, lui rappelle-t-on, par « cet élément nouveau, diffusé après les élections », qu’était le rapport de la Commission Pensions. « En 2006, le coût des pensions s’élevait à 26 milliards ; il est aujourd’hui de 40 milliards. Il serait irresponsable de ne rien faire. Mais il y a une énorme marge de négociation avec les partenaires sociaux », insiste le Premier ministre.

5Marie-Christine Marghem rappelée à ses obligations. Charles Michel n’enfonce pas sa ministre, dans la tourmente – « elle ne doit en aucun cas démissionner », « la matière est compliquée ». Mais il insiste quand même, sur la forme : « Elle doit faire toute la transparence. Elle doit donner toute l’information au Parlement. Elle ne l’a pas fait tout de suite. Elle doit le faire. »

6Liesbeth Homans mal informée. Avant d’entrer en studio, le Premier ministre a découvert la sortie de Liesbeth Homans, qui dénonçait la récente mission au Japon de Charles Michel et Kris Peeters. Le fédéral outrepasse ses compétences, estimait la ministre N-VA. « Elle est mal informée, rétorque, suave, le chef du gouvernement. La mission a été préparée avec les Régions. Et les quatre partis de la majorité, dont la N-VA, ont décidé de désigner un ministre fédéral du Commerce extérieur. Donc Madame Homans se trompe. »

 

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