La vie d’après, pour Michelle et Barack Obama
Le compte à rebours pour la passation de pouvoir a commencé à Washington. Le 20 janvier, le couple Obama retournera à la vie civile. Les projets ne manquent pas.


Certains troqueraient volontiers leur chemise pour fuir Washington dès le 20 janvier lorsque Donald Trump, d’un pas assuré, entrera en conquérant dans la Maison-Blanche. Pas Barack Obama. Depuis la victoire du candidat républicain le 8 novembre dernier, l’actuel 44e président des Etats-Unis n’en finit plus de faire ses adieux à l’Amérique. Après les parlementaires démocrates mercredi 4 janvier, il a tenu une soirée mémorable deux jours plus tard au 1600 Pennsylvania Avenue (la Maison-Blanche), en présence d’un bataillon de stars de Hollywood, publié un article dans la Harvard Law Review dont il fut le président dans une autre vie, et contribué à une série documentaire orale en huit parties, sur son double mandat, qui sera diffusée sur history.com à compter du 12 janvier. Et lorsque sonnera le glas, vendredi 20, de son épopée fédérale, Barack Obama n’a aucune intention de s’éloigner sur l’horizon dans le soleil couchant, tel un célèbre cow-boy de papier ! Bien sûr, l’hélicoptère « Marine One » olive et blanc rebaptisé pour l’occasion « Executive One », l’emmènera, lui, Michelle, ainsi que leurs filles Malia et Sasha, vers la base aérienne d’Edwards en bordure de la capitale, où les attendront dans un hangar d’aviation tous leurs principaux collaborateurs, désormais au chômage mais venus remercier une dernière fois le couple présidentiel. «
Là s’arrête la comparaison avec les douze derniers présidents américains du siècle passé qui, de Harry Truman à George W. Bush, en passant par Dwight Eisenhower et Richard Nixon, ne se firent pas prier pour regagner leurs vertes contrées, une fois rendus à la condition de simple citoyen. Pour la première fois depuis Woodrow Wilson (1913-1921), un chef de l’Etat envisage de prolonger son séjour dans la capitale américaine. Cette fois, la famille Obama prendra peut-être un taxi Uber au sortir d’Edwards, pour regagner sa nouvelle demeure de Kalorama. Dans ce faubourg huppé du nord-ouest de Washington, elle louera une demeure de 9 pièces pour 22.000 dollars par mois, le temps que leur fille cadette Sasha, âgée de 15 ans, boucle ses deux dernières années de lycée.
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D’abord dormir
Le futur retraité, âgé de 55 ans à peine malgré un grisonnement accéléré de ses tempes, a laissé entendre qu’il va commencer par « dormir pendant deux semaines », pour faire une vraie rupture. Passé ce délai, et supposant que Sasha se débrouille seule dans sa nouvelle vie de lycéenne comme les autres, il aimerait bien «
Voilà pour le court et le moyen terme. A plus long terme, les projets ne manquent pas : une Fondation Obama, des discours généreusement rémunérés aux quatre coins de la planète, la défense du Plan Climat et de l’accord de Paris sur l’environnement, des projets de romans, un vieux rêve de racheter une franchise NBA de basket-ball, le sport de prédilection de ce supporter des Chicago Bulls.
La Silicon Valley
Plus sérieusement, l’ancien constitutionnaliste de Harvard, malgré le regain des tensions raciales durant son règne, souhaiterait à la réforme de la justice criminelle, résoudre le problème de la surincarcération. La fondation My Brother’s Keeper (MBK), née en 2014 pour venir en aide aux jeunes noirs désœuvrés, pourrait servir de vecteur à cette entreprise, mais aussi la future bibliothèque présidentielle, qui sortira de terre dans le sud de Chicago, où le jeune Obama fit ses premiers pas d’éducateur il y a trente ans.
« Cela ne m’étonnerait pas que la Silicon Valley occupe une place de choix dans l’après-présidence », glissait en 2016 Steve Case, fondateur de la firme AOL, reprenant à la volée les rumeurs insistantes sur ce dada « geek », cette passion du « cool president » pour les nouvelles technologies. Premier indice, ses conseillers ont enchaîné dix allers-retours à San Francisco durant l’année écoulée, sans doute pour baliser le terrain, révèle le New York Times. Et les portes ouvertes ne se comptent plus : parmi les vétérans de son administration, David Plouffe travaille chez Uber, Dan Pfeiffer chez GoFundMe, Lisa Jackson chez Apple.
Avec tant de passerelles, Barack Obama dispose de l’embarras du choix. Quelle piste privilégiera-t-il ? Il a confié vouloir devenir un « VC (venture capitalist, prononcer vici) », mécène prêt à investir dans les idées les plus excitantes, à financer le SpaceX ou le Twitter de demain. « Je pense qu’il va consacrer une partie significative de son temps à faire coïncider les ressources, les idées, le potentiel discernés dans la Silicon Valley et les causes qu’il va décider de promouvoir », prédit l’incubateur Reid Hoffmann.
Gare au surmenage
Plutôt que le désœuvrement, c’est le surmenage qui guette le dynamique quinquagénaire. Et encore lui faudra-t-il protéger Michelle, car la Première dame, âgée de 52 ans, voit grandir les pressions en faveur d’une éventuelle entrée en politique, après ses brillantes interventions publiques durant la campagne au profit de Hillary Clinton. Réfutant une telle reconversion, l’ex-avocate de Chicago possède une plume encore plus prometteuse, dit-on, que son mari. « Attendez de voir la surprise Michelle, sourit Sandra Dijkstra, agent littéraire basé à San Diego. « Elle pourra écrire ce qu’elle veut », ajoute George Borchardt, un de ses pairs à New York, à cause de sa renommée mondiale, remarquable et rare pour une future ex-First Lady. « Elle pourra faire ce qu’elle veut, renchérit Gloria Steinem, une militante féministe, dans une tribune publiée par le New York Times. Devenir une sénatrice de l’Illinois, faire campagne pour l’éducation et la protection des jeunes filles dans le monde. Michelle Obama a changé l’histoire de la manière la plus puissante qui soit ! »
Stimulés intellectuellement et encensés dans l’opinion, ravis de changer de vie mais pas forcément de quitter Washington si vite, les époux Obama n’ont aucun souci à se faire sur le plan matériel. Il se murmure que Barack pourrait signer un contrat littéraire entre 10 et 30 millions de dollars, dans l’éventualité de Mémoires en deux volumes, à supposer que ceux-ci soient de trempe des Rêves de mon père, publié en 2008 et loué par la critique. De quoi payer le loyer de Kalorama, les séjours à Hawaï, et les voyages incessants. C’est peut-être le seul regret d’Obama : les adieux à son précieux et confortable Boeing présidentiel Air Force One, et l’obligation « d’enlever ses chaussures à l’aéroport » !
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