La résistance des peuples

Guerre. C’est l’impensable qui s’est imposé à nous et nous a submergés, faisant basculer une planète qui se libérait juste d’une pandémie sans précédent. Le 24 février dernier, Vladimir Poutine envahissait l’Ukraine et donnait le « go » aux morts, aux tortures, aux viols, aux bombardements, aux appauvrissements. Les images qui se sont succédé nous ont mis en prise directe, jour et nuit, avec le cauchemar d’Ukrainiens qu’on avait la sensation de quasiment toucher, entendre, ressentir.

Proches, si proches, ces troupes de femmes et d’enfants fuyant leur maison et tentant de regagner un pays d’accueil. L’exode, comme celui de 1940 que nous avaient raconté nos parents et grands-parents.

Proches, si proches ces hommes, ex-athlètes, boulangers, plombiers, professeurs, musiciens, qui, le visage baigné de larmes et en uniforme militaire, disaient au revoir à leurs enfants avant de rejoindre les lieux de combats.

Proches, si proches, ces petits enfants fabriquant des armes de fortune avec leurs mères sur ce qui était quelques jours avant une place de marché, une plaine de jeux, une cour de récréation.

Proches, si proches, ces femmes âgées, ces mères de famille avec leurs enfants et ces hommes au visage couleur charbon, la tête couverte de bonnets et d’écharpes et terrés comme des bêtes dans des caves et dans le froid, avec le bruit des bombes par-dessus et la peur des Russes à l’intérieur.

Et pourtant ce n’est pas une photo de désespoir qui ouvre cette rétrospective, mais quatre clichés qui montrent l’incroyable résistance des peuples – des êtres humains – qui cette année ont défié leurs bourreaux. Visage de ce peuple ukrainien qui après dix mois ne lâche toujours rien. Visage de ces femmes iraniennes qui ont exhibé leurs cheveux à la face des mollahs. Visage de ces Chinois qui ont défié dans les rues les ordres d’un dictateur pour dénoncer leur enfermement. Visage de ces femmes américaines qui ont sacralisé leur corps et défié la Cour Suprême et tous les conservateurs.

La résistance des peuples n’est pas vaine. Cette année, elle a érigé une barrière de magnifiques coraux contre la violence du monde et la folie des dirigeants. Ces photos sont notre hommage,. Et notre merci.