Strip-Tease: les créateurs s’opposent à la diffusion sur RMC Story
Une mise en demeure a été adressée ce vendredi à la chaîne parisienne : elle leur interdit de diffuser de pseudo-« inédits de la collection Strip-Tease », assimilés à une « contrefaçon portant atteinte aux droits moraux » de leurs auteurs.






L’affaire tourne à l’aigre : via leur avocat parisien, les réalisateurs Marco Lamensh et Jean Libon, créateurs de la collection de documentaires Strip-Tease (850 numéros entre 1985 et 2012) ont adressé ce vendredi à la présidence de la station parisienne de télévision RMC Story une mise en demeure leur faisant interdiction de diffuser ce samedi 27 juillet une quelconque suite documentaire « inédite » qui se revendiquerait de près ou de loin de la série originelle Strip-Tease.
Après avoir visionné trois documentaires présentés par RMC comme s’inscrivant « dans la continuité de Strip-Tease » - et ornés du générique bien connu de Strip-Tease en version adaptée - les auteurs belges et leur avocat constate que les « inédits » proposés à la diffusion s’éloignent « de manière criante de l’esprit de l’œuvre de ses créateurs ». Ce que Lamensch et Libon reprochent aux trois épisodes qu’ils ont visionné, c’est qu’ils « sont notamment dénués de tout enjeu qui les structure, sans regard original, sans cette volonté de réaliser un documentaire avec la grammaire et le montage de la fiction, et sans même que le réalisateur ne signe son film ». Dans cette mise en demeure, cette phrase est cruciale : en termes narratifs, elle souligne l’absence de tension qui pousse à l’adhésion du spectateur, l’absence de voix qui porte le récit, la faiblesse ou l’absence des outils de narration et, in fine, l’absence d’auteur qui assume le regard porté. Bref, c’est un enregistrement, pas un récit.
« L’atteinte à l’esprit de l’œuvre - essentielle à la collection Strip-Tease - est manifestement caractérisée », développe la mise en demeure, qui évoque une tromperie et une « annonce fallacieuse ». « Toute volonté d’associer les épisodes (annoncés) à Strip-Tease est ainsi une atteinte flagrante et particulièrement dommageable au droit au respect de l’œuvre de ses auteurs. »
Sur base du droit moral dont disposent les deux réalisateurs sur l’œuvre (sans même parler des droits d’un troisième auteur sur le générique), les deux réalisateurs évoquent une « contrefaçon des droits moraux de l’auteur » et rappellent qu’ils sont fondés à « s’opposer à toute divulgation portant atteinte à leurs droits ».
La mise en demeure, longue de quatre pages, s’achève par une invitation à trouver « une issue amiable à ce litige », mais dans l’immédiat, la lettre s’oppose catégoriquement à toute diffusion documentaire ce samedi qui se revendiquerait être un inédit de la collection Strip-Tease, utiliserait le nom de la collection Strip-Tease ou reproduirait, même de manière adaptée, le générique de Strip-Tease.
On peut penser que le litige, qui oppose pour l’heure les deux réalisateurs et la chaîne RMC Story, va remonter à la RTBF, où on peine à croire qu’une cession puisse avoir été conclue sans posséder la totalité des droits requis. L’enjeu des droits moraux de réalisateurs – et de tout employé aux fonctions artistiques – est ici dans la balance. Plus immédiatement, la RTBF devra probablement réexaminer le processus décisionnel qui a permis à un intervenant intermédiaire de s’approprier une capacité juridique qu’il n’avait pas. Ou d’établir au contraire le bien-fondé de la transaction.
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